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Chronique
d'Enguerrand de Monstrelet - index
L.II-84 - Comment Jehenne la Pucelle rua jus Franquet d'Arras et lui fist
tranchier la teste. |
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l'entrée du mois de may, fut rué jus et prins ung vaillant homme d'armes, nommé Franquet d'Arras, tenant le parti du duc de Bourgongne. Lequel estoit alé courre sur les marches de ses ennemis vers Laigni sur Marne, à tout trois cens combatans ou environ. Mais à son retour fut rencontré de Jehenne la Pucelle, qui avec elle avoit quatre cens François. Si assailly moult corageusement et viguereusement ledit Franquet et ses gens, par pluiseurs fois. Et par le moyen de ses archiers, c'est assavoir dudit Franquet, qu'il avoit, lesquelz par très bonne ordonnance s'estoient mis à pied et se dépendirent tous ensemble, si vaillamment que pour le premier et second assault ycelle Pucelle et ses gens ne gaignièrent riens sur eulx. Mais en conclusion elle gaigna toutes les garnisons de Laigni et autres forteresces de l'obéissance du roy Charles, lesquelz y vindrent en grand nombre, à tous coulevrines, arbalestres et autres habillemens de guerre. Et finablement, les dessusdiz tenans le party de Bourgongne, après qu'ilz eurent moult adommagié leurs ennemis de gens et chevaulx, ilz furent tous vaincus et desconfis, et ladicte Pucelle fist trencher la teste à ycelui Franquet, qui grandement fut plaint de ceulx de son party, pour tant qu'en armes il estoit homme de vaillant conduicte.
A l'entrée du mois de mai (1), fut défait et pris un vaillant homme
d'armes nommé Franquet d'Arras, du parti du duc de Bourgogne, qui
avec environ trois cents hommes d'armes avait été courir sur les marches
de ses ennemis, vers Lagny-sur-Marne. A son retour il fut rencontré par
Jeanne la Pucelle qui avait avec elle quatre cents Français. Elle assaillit
très courageusement et très vigoureusement Franquet et ses gens à plusieurs reprises ; car les archers de Franquet s'étant mis à pied en très
bonne ordonnance se défendirent si vaillamment dans une première et
dans une seconde attaque que la Pucelle et ses gens n'eurent aucun
avantage sur eux ; mais elle finit par mander toutes les garnisons de Lagny
et des autres forteresses de l'obéissance du roi Charles. Les combattants
accoururent en grand nombre avec coulevrines, arbalètes, et autres pièces
de guerre. Les tenants du duc de Bourgogne, après avoir fait éprouver à leurs ennemis de grandes pertes en hommes et en chevaux, finirent
par être entièrement vaincus et déconfits; la plus grande partie fut passée
au fil de l'épée. La Pucelle fit même trancher la tête à Franquet, qui fut
grandement plaint de son parti, parce que en armes il était homme de
vaillante conduite..
Source : La chronique
d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860)
Notes :
1 Avant la reddition de Choisy et la tentative sur Pont-l'Évêque.
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