|
Chronique
de la Pucelle
-
index
13
- Mutations de conseillers |
|
' an mil quatre cent vingt cinq (1)
le Roy envoya vers le duc de Bretagne Messire Tanneguy de Chastel,
qui estoit natif du pays de Bretagne, et lequel on disoit estre
luy et ses parens bien aymez du Duc ; et luy fit prier et requérir
qu'il le voulust ayder et secourir, en luy remonstrant, qu'il y
estoit tenu en plusieurs et diverses manières. Le Duc respondit
pleinement qu'il n'y entendroit en rien, sinon que, préalablement
et avant tout œuvre, le roy mit hors de sa compagnée
et de son hostel tous ceux qui estoient consentans de sa prise,
et les nomma. Le roy envoya pareillement vers le Duc de Savoye,
pour sçavoir si le duc de Bourgongne ne voudroit point entendre
à quelque traité ; ct aussi si ledit duc ne voudroit
point ayder au roy : lequel respondit qu'il scavoit bien que le
duc de Bourgongne n'entendroit à aucun traité, sinon
que préalablement le roy mit hors d'avec luy ceux qui avoient
esté consentans de la mort du feu duc de Bourgongne son père
; et ce fait, aussi que le duc de Savoye ayderoit volontiers au
roy de ce qu'il pourroit.
Et estoit aucune renommée que le duc de Bourgongne
se lassoit fort d'estre allié avec les Anglois ; et aucuns
estans près de luy l'induisoient fort de s'en démettre
et que ce qu'il avoit fait, fut bien soudainement et par une
chaleur causée de desplaisance de la mort de son père
ainsi mort. Ceux qui furent envoyez devers lesdits seigneurs retournèrent
devers le roy et luy exposèrent la responce qui leur avoit
esté faicte par lesdits seigneurs. Mesmes ledit Tanneguy
qui estoit présent et lequel relata ce que le duc de Bretagne
luy avoit respondu, dit ; Que combien qu'il ne fust consentant ny
de la mort du duc de Bourgongne, ny de la prise du duc de Bretagne
; toutesfois, pour ce qu'au temps des choses advenues il estoit
près du roy ; il estoit content de s'en partir. Et de faict
s'en alla en Languedoc, en une place nommée Beaucaire. Et
au regard du président de Provence (2)
il luy faisoit mal d'en partir, et dit qu'il ne s'en iroit point
; toutesfois il s'en partit et alla à la fin : et aussi fit
le physicien, nommé Maistre Jehan Cadart, lcquel on tenoit
le plus sage et mieux advisé ; car il s'en alla riche de
vingt cinq à trente mille escus. Et ledit président
mit en son lieu le seigneur de Giac, lequel estoit des plus prochains
du roy.
Source
: édition Vallet de Viriville - éd.1859
Notes :
1 Pâques le 18 avril.
2 Jean Louvet.
|