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Chronique
de la Pucelle
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- Tournay recouvré par la France - Jacques de Harcourt
tué devant le château de Parthenay. |
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a ville et cité de Tournay, qui estoit comme entre les mains
du due de Bourgongne, obéit tout pleinement et se tint nuement
au roy.
Messire Jacques de Harcourt tenoit le Crotoy, et avoit
des gens de guerre avec luy ; les Anglois y mirent le siège
et la prirent par composition. Ledit de Harcourt, qui estoit neveu
du seigneur de Parthenay s'en vinct en Poictou, et se disoit avoir
droit à ladicte place de Partenay. Nonobstant ala il voir
son oncle, seigneur de ladite place, lequel luy fit grant chère,
et le receut honnorablement. Ledit de Harcourt regarda fort ladicte
place, qui sembloit belle et forte et convoita fort a l'avoir, s'imaginant
et considérant que son oncle n'estoit pas bien sage comme
l'on disoit. Puis s'en retourna, pensant qu il retournerait une
autre fois, et qu'il auroit la place, s'il pouvoit ; car si luy
et ses gens pouvoient entrer au chastel ils seroient les plus forts
; ce qui lui sembloit bien facile a exécuter, veu qu'audit
chastel il y avoit une yssue qui sailloit aux champs, laquelle il
ouvriroit à force et mettroit gens par là, puis feroit
lever le pont levis du
faire. Après disner, il vint au seigneur de Parthenay son
uncle et lui dit plainement qu'il avoit sa part audit chastel, et
qu'il falloit qu'il le gardast à son tour ; et que s'il y
avoit homme qui l'en voulust empescher, qu'il le tueroit ou feroit
mourir ; et dit-on que lui et ses gens tirèrent leurs espées.
Le seigneur et ses gens furent bien esbahis, desquels aucuns se
retirèrent en la tour du pont levis de devers la ville, lequel
estoit levé. Si tinrent ladite tour, et commencèrent
d'en haut à crier l'allarme. Pourquoy le peuple de la ville
s'esmeut tout à coup et apportèrent eschelles, si
gaingnèrent et abbatirent le pont-levis et entrèrent
dedans la place à l'ayde de ceux de dedans la tour, puis
tuèrent tous les gens dudit de Harcourt, lequel se retira
en une tour en bas, où il yavoit de petites arbalestes, et
fenestres qui estoient bien estroites ; toutesfois on luy perça
les deux cuisses d'une lance par une des lucarnes. Et pour abréger
il fut tué, et ses gens furent jettez tous morts en la rivière,
et il fut enterré en un cimetière.
Source
: édition Vallet de Viriville - éd.1859
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