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Chronique
de la Pucelle
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- Bataille à Cravent - 31 juillet 1423 |
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'an
mil quatre cent et vingt trois, la ville de Cravent se tenoit pour
le roy de France et y avoit dedans des compaignons de guerre, vaillantes
gens qui couroient tout le pays tenant le party du roy d'Angleterre
et de Bourgongne. Et pour ce les comtes de Salisbery et de Sufolc
vinrent mettre le siège devant la dite place et avec eulx
le mareschal de Bourgongne. Et estoient foison de gens de guerre,
garnis de tous habillemens qui faisoient toute diligence d'avoir
la ville ; et ceux de dedans se defendoient fort ; et pour lever
le siege furent assemblez gens de guerre du party du roy, pour essayer
si on pourroit lever le siège et en furent chefs le sieur
(1) de Séverac mareschal de France
et le connestable d'Ecosse, bien vaillant chevalier et estoient
grand foison de bonnes gens. Y estoient aussi le comte de Ventadour,
les seigneurs du Bellay, de Fontaines, de Gamaches et autres ; lesquels
vinrent jusques au siège ; la venue desquels fut sceue des
Anglois et Bourguignons qui en estoient advertis.
Si se misrent en ordonnance et le connestable d'Escosse
descendit à pied et avec luy plusieurs vaillans François
et Escossois, cuidans que Séverac et les autres deussent
ainsi faire, ou au moins frapper à cheval sur les ennemis.
Il y eut fort combatu et finalement les François et Escossois
furent desconfits et y en eut plusieurs de
tuez et de prins jusques au nombre de deux à trois mille
(2), qui fut grant dommaige pour le,
roy de France. Il y eut des Anglois et Bourguignons tuez mais non
mie grand foison. Des François fut prins le connestable d'Escosse,
Ventadour, Bellay et Gamaches ; de tuez, le seigneur de Fontaines,
Messire Thomas Stonhameton. Le mareschal de Séverac, Messire
Robert de Laire et autres s'enfuirent très déshonnestement
qui fut un grand dommaige pour le roy de France ; et s'ils eussent
arresté et fait leur devoir, la chose, comme il est vray
semblable, eus esté autrement. Le roy avoit envoyé
au pays de Champagne, au pays de Retel et ès Marches voisines,
pour y faire guerre et faisoient ce que gens de guerre ont accoustumé
de faire : Et au contraire s'assemblèrent le comte de Salisbery,
Messire Jean de Luxembourg et foison de gens de guerre avec eux.
Et quand les François apperceurent qu'ils n'estoient pas
gens pour résister a si grand puissance, ils passèrent
la rivière de Meuse et se retirèrent à Mouson,
qui est une ville hors du royaume, appartenant au roy.
Source
: édition Vallet de Viriville
Notes :
1 Sic dans Godefroy, le mot "Sieur" n'est pas du XV°
siècle.
2 En grande majorité des Ecossais.
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