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Chronique
de la Pucelle
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- Des traystres Bourguignons de Marchesnois qui promistent
de rendre le chastel |
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e comte de Richemont, connestable de France, séjourna par
aucuns jours, après la bataille, en la ville de Baugency
; attendant response du duc Jean d'Alençon, de la Pucelle
et des haults seigneurs qui s'estoient portez forts d'appaiser le
roy et lui faire pardonner son maltalent. A quoy ils ne peurent
parvenir ; et le roy ne voulut souffrir qu'il allast par devers
luy, pour le servir dont il fut en grand desplaisance. Néantmoins
ledict connestable, qui avoit grand compaignée de nobles,
désirant nettoyer le pays du duc d'Orléans, voulut
mettre le siége devant Marchenoy , près Blois, qui
fut garny de Bourguignons et d'Anglois. Lesquels de ce ouyrent nouvelles,
et doubtans le siége, se tirèrent, soubs saulfconduit,
à Orléans, par devers le duc d'Alençon qui
estoit là pour le temps. Si traictèrent tant lesdicts
Bourguignons, que parmy leur faisant pardonner par le roy toutes
offenses, et leur donnant dix jours de terme pour emporter leurs
biens, ils seroient et demeureroient à tousjours bons et
loyaux François. Et ainsi le jurèrent, et donnèrent
aucuns
hostages ès mains du duc d'Alengon, qui fist sçavoir
ceste chose au connestable, lequel s'en partit à tant ; mais
après son partement, les Bourguignons dudict Marchenoy firent
tant, qu'ils prindrent et retindrent prisonniers aucuns des gens
dudict duc d'Alençon, pour recouvrer leurs hostages ; et
ainsi faulsèrent leurs serments.
Le comte de Richemont, connétable de France, séjourna quelques jours après la bataille de Patay en la ville de Baugency, attendant réponse du duc d'Alençon, de la Pucelle et des hauts seigneurs qui s'étaient portés forts d'apaiser le roi et de lui faire pardonner son maltalent. A quoi ils ne purent parvenir; le roi ne voulut pas souffrir qu'il allât devers lui pour le servir; ce dont il fut en grande déplaisance.
Néanmoins ledit Connétable, qui avait grande compagnie de nobles, dans le désir de nettoyer le pays du duc d'Orléans, voulut mettre le siège devant Marchenoir, près de Blois, ville garnie de Bourguignons et d'Anglais. Ces derniers en eurent nouvelles, et, par crainte du siège, ils envoyèrent sous sauf-conduit, à Orléans, par devers le duc d'Alençon, qui par ce temps était là. Lesdits Bourguignons traitèrent si bien qu'on leur fit pardonner par le roi toutes offenses, et, qu'on leur donna dix jours de terme pour emporter leurs biens, sous promesse qu'ils seraient et demeureraient à toujours bons et loyaux Français. Ainsi ils jurèrent, et ils mirent quelques otages ès mains du duc d'Alençon, qui fit tout savoir au Connétable, lequel se départit du siège ; mais après son partement, les Bourguignons dudit Marchenoir firent tant, qu'ils prirent et retinrent prisonniers quelques-uns des gens du duc d'Alençon, pour recouvrer leurs otages, et ainsi ils faussèrent leurs serments.
Source : édition Vallet de Viriville - 1859
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