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Journal
de Clément de Fauquembergue
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Jeudi
30 mai 1431 |
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ar procès de l'Eglise, Jehanne, qui se faisoit appeller la Pucelle, qui avoit esté prise à une saillie de la ville de Compiengne par les gens de messire Jehan de Lucembourg, estans avec autres au siege de ladicte ville, ut in registro XXV diei mensis maii mccccxxx, a esté arse et brûlée en la cité de Rouen. Et estoit escript en la mittre qu'elle avoit sur sa teste les mos qui s'ensuivent : « heretique, relapse, apostate, ydolatre. » Et en ung tableau devant l'eschaffault où ladicte Jehanne estoit, estoientescrips ces mos : « Jehanne qui s'est fait nommer la Pucelle, menterresse, pernicieuse, abuserresse de peuple, divineresse, supersticieuse, blasphemeresse de Dieu, presumptueuse, malcreant de la foy de Jhesu-Crist, vanterresse, ydolatre, cruelle, dissolue, invocaterresse de deables, apostate, scismatique et heretique. » Et pronuncia la sentence messire Pierre Cauchon, evesque de Beauvais, ou dyocese duquel ladicte Jehanne avoit esté prise, comme dit est. Et appella à faire ledit procès pluiseurs notables gens d'eglise de la duchié de Normendie, graduez en sciences, et pluiseurs theologiens et juristes de l'Université de Paris, ainsi que on dit estre plus à plain contenu oudit procès. De gestis hujus Johanne, vide supra in registro diei X maii M CCCC XXIX, XIIII junii et VIII septembris M CCCC XXIX, et supradicte diei XXV maii M CCCC XXX. Et fertur quod in extremis, postquam fuit relapsay ad ignem applicata, penituit lacrimabiliter, et in ea apparuermit signa penitencie. Deus sue anime sit propicius et misericors. (1)
Le trentième jour de mai MCCCCXXXI, par procès d'Église, Jeanne, qui se faisait appeler la Pucelle, qui avait été prise à une sortie de la ville
de Compiègne, par les gens de Messire Jean de Luxembourg, qui avec
d'autres étaient au siège de ladite ville, ainsi que cela est mentionné au
registre à la date du 25 mai 1430, Jeanne a été livrée aux flammes et
brûlée en la ville de Rouen.
En la mitre qu'elle avait sur la tête étaient inscrits les mots qui suivent: « hérétique, relapse, apostate, idolâtre », et sur un tableau devant l'échafaud
où était la dite Jeanne, étaient écrits ces mots : « Jeanne qui s'est fait nommer la Pucelle, menteresse, pernicieuse, abuseresse du peuple, devineresse, superstitieuse, blasphémeresse de Dieu, présomptueuse, mal créant de la foi de Jésus-Christ, vanteresse, idolâtre, cruelle, dissolue, invocateresse de diables, apostate, schismatique et hérétique ».
La sentence fut prononcée par Messire Pierre Cauchon, évêque de Beauvais,
au diocèse duquel elle avait été prise, à ce qu'on dit. Il appela à
faire le procès plusieurs notables gens d'Église de la duché de Normandie,
gradués en science, ainsi que plusieurs théologiens et juristes de
l'Université de Paris, comme c'est, dit-on, plus à plein contenu audit
procès.
De gestis hujus Johanne, vide supra in registro diei X maii M CCCC XXIX, XIIII junii et VIII septembris M CCCC XXIX, et supradicte diei XXV maii M CCCC XXX. Et fertur quod in extremis, postquam fuit relapsay ad ignem applicata, penituit lacrimabiliter, et in ea apparuermit signa penitencie. Deus sue anime sit propicius et misericors.
Source : édition A.Tuetey - 1909
Mise en Français plus moderne : J-B-J. Ayroles (La vraie Jeanne d'Arc - T.III, p.474 et suiv.)
Notes :
1 Traduction : Sur les gestes de cette Jeanne, voyez plus haut le registre du 10 mai
1429, etc. — On rapporte qu'à ses derniers moments, condamnée au
feu comme relapse, elle se repentit avec de grandes larmes, et qu'on vit
en elle les signes d'une vraie contrition. Que Dieu soit propice et miséricordieux à son âme !
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