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La chronique de Morosini
Lettre 17 - index
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lusieurs lettres écrites de Bruges, par le noble sire Pancrace Justiniani à son père Messire Marc, en février 1429 (anc. st.), en particulier du 17, donnaient, paraît-il, de nombreuses nouvelles de ces contrées.
Une dernière, en date du 4 mars 1430, plus briève, était ainsi conçue :
Messire, le 22 du mois passé je vous écrivis ce que je savais à pareil jour. Depuis j'ai reçu votre lettre du 4 même mois. C'est avec le plus grand bonheur que j'ai appris votre bonne santé et votre contentement de ce dont vous m'avez parlé. Je ferai réponse complète à votre lettre par la malle. Je ne puis pas le faire en ce moment ; veuillez prendre un peu patience.
En fait de nouvelles, depuis que je vous ai écrit on a dit ces jours-ci que le roi de France avait pris Chartres ; mais la nouvelle n'ayant pas été confirmée je ne la crois pas vraie.
Il est de toute certitude que ces jours-ci notre seigneur duc a reçu
l'annonce de la prisé d'un château inexpugnable à sept lieues de Rouen,
sur la Seine, appelé Château-Gaillard. Il y a eu composition entre les Anglais et les Français. Dans ce château était détenu prisonnier un chevalier français du nom de Jean Barbazan, que le roi d'Angleterre avait pris et y avait renfermé. C'est un homme de très grand mérite et vaillant capitaine. Plusieurs autres Français étaient prisonniers avec lui ; tous ont été délivrés.
En outre on compte que le roi d'Angleterre passera la mer à Pâques, ainsi que je vous l'avait dit dans une autre de mes lettres. Le seigneur duc a publié le ban. Pour attirer les plus vaillants de ses guerriers, il fait répandre le bruit qu'il y aura vingt-cinq mille Anglais et plus, c'est-à-dire que le roi arrive avec les plus grandes forces. Tout est en ébullition. Si le Seigneur Dieu n'y met la main, il faut que l'un des deux partis soit entièrement ruiné, mais j'espère que Dieu, dans sa sainte miséricorde, y pourvoira. Qu'il ne considère pas nos péchés. Je n'ai pour le moment rien à ajouter. Reçue le 30 mars 1430.
XVII (pages 1071-1073, fos 518-519). (1)
Per plu letere vegnude da Brozia dal nobel homo ser Prangati Zustignan de miser Marcho, fate del mexe de fevrer de Miiijxxviiij., de dy xvij., apar luy scriva molte novele de qua, ma da può in concluxion anchora per una
soa fata in Brozia a dy iiij marzo de Miiijxxx scriva soto brevitade in questa forma.
Miser, a xxij. del pasado ve scrisy el bexogno; in quel dy dapuo avy la vostra de dy iiij., dito che me concluxe piacer asè per saver de vostra salude e a vostra consolacion del muodo me avixè, e ala dita farò resposta a conplimento per la scarsela, che per costuy non m'è posibele, e abiè paciencia.
Quelo eser da nuovo da puo ve scrisy si e che a questi dy eser dito el re de Franza
aver abudo Zetres, ma da può non se a refreschado la nuova, si che io non la credo. Può in questi dy eser certisimo eser vegnudo novele a questo signor ducha che uno chastelo inespugnabele, largo da Roan lije vij. suxo la riviera de Sona, clamado Castel Grixiante, per tratado la giente del re de Franza averlo perso per le man d'ingelexi, in el qual luogo iera uno prixionier cavalier francescho, che se clama miser Zian Barbaxion, che el re d'Ingletera aveva prexo e dentro iera so prixion, e molto homo notabelisimo e valente capetanio, e per simel molty altry prixionery franzexi, che li dentro iera in prixion, a questo muodo son liberady.
Altro se raxiona el re de Ingletera pasera ala Pasqua, como per altre ve ò dito,
ma questo signor ducha ha fato el so mandamento e tocha de ingelexi per trar le suò
giente notabeli XXVM. e altre persone, zioè el re fo dito eser potentisimo, e raxioneve
che le cose boie per tuto, e de certo se sto Signor Dio non de mete le suò mane, convien
che l'una dele parte vada a questa istade a niente, ma Dio per soa santa marzè
proveda e non varda ai nostri pechadi, nè altro non d'è per lo prexente. Rezevuda
ady xxx marzo MCCCCXXX.
Source
: Présentation, traduction et texte original de J.B.J. Ayroles : " La vraie Jeanne d'Arc" - tome III "La libératrice", p.567.
Remarques d'Ayroles sur cette lettre :
[Pancrace Justiniani donnait une nouvelle preuve de son bon jugement en ne croyant pas à la conquête de Chartres. Ce qu'il dit de la prise de Château-Gaillard et de la prochaine venue du roi d'Angleterre est exact.]
Notes :
1 Le premier chiffre indique la pagination de la copie de Venise, le second les folios de l'original de Vienne.
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