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La chronique de Morosini
Lettre 20 - index
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ouvelles de Bruges écrites à Venise de la main de sire Pancrace Justiniani, fils de Messire Marc Orsato. La plus récente est datée du 24 novembre ; elle est arrivée à Venise le 19 décembre. Elle est conçue en ces termes :
...[Pancrace décrit les pertes éprouvées par le duc de Bourgogne et les Anglais à la levée du siège de Compiègne, les avantages remportés par les Français, spécialement l'occupation de Clermont-en-Beauvaisis, la forteresse exceptée; il parle ensuite de la Pucelle et il écrit :]
Il est absolument certain que la Pucelle a été dirigée sur Rouen vers le roi d'Angleterre. Messire Jean de Luxembourg, qui l'a prise, en a touché dix mille couronnes, pour l'avoir ainsi mise entre les mains des Anglais. Quel est le sort qu'on lui réserve ? On l'ignore, mais on craint qu'on ne la fasse mourir. En vérité, ce sont choses extraordinaires et grandes que celles qu'elle a accomplies. Il (Pancrace) écrit qu'il en a parlé avec beaucoup, et il en a parlé depuis qu'elle est prisonnière ; mais universellement, tous disent qu'elle est de bonne vie, très honnête, très sage ; ce qui adviendra, nous le saurons bientôt...
XX (page 1105, f° 524). (1)
MCCCCXXX ady iij. de luio a Conpeio. Avemo abudo, e se sa dito per plu ziorni per avanti cha da Brozia, chomo ady iij. de luio fose scrito,
che in lo dy dela Sensa la damixela steva in colegacion e in perfeto amor con lo re de Franza miser lo dolfin, con el qual la giente soa aver meso l'asiedio de Paris, per muodo non se aver speranza queli dentro posa resister contra la corona del dolfinado; s'a dito quela eser sta prexa per la giente del ducha de Borgogna, la qual donzela per quelo non avemo se de quela sia sta defenido niente; saverase per avanti, ma da può è sta dito questa donzela eser stà confinada con pluxor donzele in una forteza con scorla de bona varda, e non posando eser tanto vardada, quando fo de piaxer de Dio, quela se parti e ritorna ala giente soa, senza molesta dela persona soa...
Source
: Présentation, traduction et texte original de J.B.J. Ayroles : " La vraie Jeanne d'Arc" - tome III "La libératrice", p.567.
Remarques d'Ayroles sur cette lettre :
[La première partie de la lettre est fausse de tout point, la seconde n'était malheureusement que trop vraie.
Dans trois lettres, ou relations inscrites à la suite par Morosini sur les affaires de France, il n'est pas question de la Pucelle. Ces nouvelles étaient d'ailleurs fausses pour la plupart. Le seul correspondant bien informé est Pancrace Justiniani...]
Notes :
1 Le premier chiffre indique la pagination de la copie de Venise, le second les folios de l'original de Vienne.
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