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Jeanne
d'Arc par Henri Wallon - 5° éd. 1879
Appendice 21 : La nuit du 6 au 7 mai |
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Il y a ici dans les témoignages contemporains des différences
qui ne laissent aucun moyen de les concilier. Perceval de Cagny,
Jean Chartier et la Chronique des Pays-Bas disent
que Jeanne passa la nuit devant la bastille des Tourelles ; le
héraut Berri, la Chronique de la Pucelle et celle
de la Fête du 8 mai, qu'elle la passa dans Orléans.
Cette même opposition se retrouve jusque dans les témoignages
de ceux qui étaient là, qui étaient attachées
à sa personne. D'Aulon, son écuyer, dit qu'elle demeura
avec les seigneurs "toute celle nuit" devant les Tourelles
; Louis de Coutes, son page, qu'elle repassa le fleuve et lui-même
avec elle, qu'elle rentra dans Orléans et y coucha dans son
hôtel avec quelques femmes selon son habitude. Pasquerel,
son confesseur, raconte ce qu'elle fit ce même soir dans Orléans,
lui présent ; et ce qu'il dit est trop important pour qu'on
y puisse soupçonner une erreur de mémoire ; Collette,
femme de Pierre Milet, cite un trait qui se rapporte au moment où
elle repartit, le samedi matin, d'Orléans pour attaquer la
bastille du Pont. Les témoignages les plus nombreux et les
plus forts établissent donc son retour dans la ville, et
l'on peut dire que c'est l'opinion qui a le plus d'autorité
dans les histoires, puisque c'est la version de la Chronique de
la Pucelle : aussi est-ce l'opinion que la plupart des écrivains
modernes ont adoptée. Voy. Chron. des Pays-Bas (Coll.
des chron. Belges, t.III, p.411) ; Procès, t.IV, p.7 (Cagny)
; p.43 (Berri); p.61 (J.Chartier) ; p.227 (Chronique) ; t.III, p.215
(d'Aulon) ; p.70 (L. de Contes) ;
p. 108 (Pasquerel) ; p.124 (Collette) ; t.V, p.293 (Fête du
8 mai) : "Et là demourèrent toute nuyt. Et ce
voyans les dits seigneurs que la dicte Pucelle estoit fort folée
(fatiguée), la menèrent en la ville pour soy refreschir."
Source
: Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879
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