|
Jeanne
d'Arc par Henri Wallon - 5° éd. 1879
Appendice II-31 : Notes sommaires sur les chroniqueurs du quinzième siècle cités dans l'histoire de Jeanne d'Arc. |
|
ABRÉVIATEUR DU PROCÈS, ouvrage écrit vers 1500, par ordre de Louis XII : c'est une histoire de Jeanne d'Arc, suivie de l'abrégé des deux procès, principalement du premier.
ANONYME DE LA ROCHELLE. C'est un extrait fait au XVIe siècle de l'un des registres depuis longtemps détruits de l'Hôtel de ville de la Rochelle. Ce qui concerne Jeanne d'Arc est un récit en quelques pages, rédigé, selon M. J.Quicherat qui l'a publié dans la Revue historique (2e année, juillet-août 1877, t. IV, p. 336-344), par le greffier de l'Hôtel de ville de la Rochelle en exercice pendant les deux années de la carrière
de Jeanne d'Arc. Il s'étend de l'arrivée de Jeanne à Chinon jusqu'à sa mort. Mais la teneur du récit ne dépasse point le siége de Paris, et tout porte à croire, que c'est alors, qu'il fut écrit. La captivité et la mort de la Pucelle qui tiennent cinq ou six lignes auront fait l'objet d'une addition postérieure. C'est donc un récit contemporain, mais non d'un témoin oculaire; le 1er en date peut-être, mais non de la lre autorité. Il renferme pourtant quelques traits nouveaux que M. J. Quicherat a signalés et qui doivent être précieusement recueillis.
BASIN (Thomas), né à Caudebec, attaché au parti anglais jusqu'à la conquête de la Normandie en 1449, et depuis 1447 évêque de Lisieux. Ayant dû quitter la France par suite de ses démêlés avec Louis XI, il finit par s'arrêter à Tréves (1471), où il composa une histoire latine de son temps qui a été souvent citée sous le nom d'Amelgard. M. J. Quicherat a édité ses œuvres historiques dans la collection de la Société de l'Histoire de France.
BERRI (Jacques le Bouvier, dit), héraut d'armes. Sa chronique, fut, jusqu'à Godefroy, attribuée à Alain Chartier : elle commence à l'an 1402 et va jusqu'en 1455; dans quelques manuscrits, jusqu'en 1458 et même jusqu'à la mort de Charles VII. Il avait seize ans en 1402. Il a vu en partie ce qu'il raconte. Il fait principalement autorité pour les événements accomplis entre le sacre et le siége de Compiègne où Jeanne fut prise ; et ses erreurs sont de celles qu'un contemporain peut commettre et que les pièces officielles font redresser facilement.
BOURGEOIS DE PARIS (le). C'est un clerc de l'université, comme il le dit de lui-même : c'est Denis Godefroy qui a cru voir dans son journal l'oeuvre d'un bourgeois et l'a
publié sous ce nom. Partisan des Cabochiens, il fait peu de cas des Anglais, mais déteste surtout les Armagnacs. Son témoignage est le plus haineux qui nous soit resté sur la Pucelle; mais c'est le plus précieux sur l'état de Paris en
son temps.
CAGNY (Perceval de), fut attaché, comme il le dit lui-même, quarante-six ans à la maison d'Alençon. A ce titre il pourrait être suspect de peu de faveur pour la cour de
France; mais il écrit en 1436, quatre ans avant la Praguerie. Les défections et les châtiments du duc d'Alençon n'ont donc exercé aucune influence sur son récit, et il a pu nous donner les renseignements les plus exacts sur la Pucelle, car c'est du capitaine qui a été le plus fidèle compagnon de Jeanne, qu'il les a recueillis : toute la période qui comprend la campagne sur la Loire, le sacre et le siége de Paris, est celle qu'il a dû le mieux connaître et où l'on peut le plus sûrement le suivre.
CHARTIER (Jean), chantre de Saint-Denis, remplissait en 1449 les fonctions de chroniqueur des rois de France, rétablies pour lui dans l'abbaye de Saint-Denis par Charles VII : récit fort circonstancié sur Jeanne d'Arc, probablement antérieur à la réhabilitation.
CHASTELLAIN (Georges) (1404-1474), historiographe de Philippe le Bon; il n'est resté que le commencement et la fin (200 chapitres environ) de sa volumineuse histoire.
CHRONIQUE DE LA FÊTE DU 8 MAI. C'est, au jugement de M. J. Quicherat, le récit d'un vieillard qui parle des choses dont il a été témoin dans sa jeunesse.
CHRONIQUE DE FRANCE (Ms. 26 de la Bibliothèque de Lille). L'auteur, qui n'est point nommé, est toute dévoué
au parti Bourguignon. Son récit commence aux dernières
années du treizième siècle et va jusqu'en 1464.
CHRONIQUE DES PAYS-BAS, DE FRANCE, D'ANGLETERRE ET DE TOURNAI, publiée par M. Smet dans la Collection des chroniques belges (t. III). L'auteur est inconnu et paraît être de la ville de Tournai, dont il parle avec une préférence marquée. Son récit commence en 1294 et s'étend jusqu'en 1458. A la fin est jointe, entre autres pièces, une épitaphe en vers de Louis XI.
CHRONIQUE DE LA PUCELLE. M. J. Quicherat la croit postérieure à Jean Chartier et au Journal du siége, par conséquent à 1467, à cause des parties communes dont il la
suppose l'emprunteuse. Vallet de Viriville, qui en a publié une nouvelle édition, l'attribue à Guill. Cousinot, neveu du chancelier du duc d'Orléans, présent à Orléans pendant le siége. On peut admettre plusieurs des raisons qu'il donne pour établir l'origine et faire ressortir la valeur de cette histoire, mais il y a, entre plusieurs de ses parties et les dépositions de Dunois, de L. de Contes, etc., de telles ressemblances, qu'il est difficile de les rapporter au hasard; et on ne peut guère supposer que Dunois et les autres aient été, avant de déposer devant les juges de la réhabilitation, rafraîchir leurs souvenirs par la lecture de la Chronique de la Pucelle. Pour ces parties au moins, la Chronique paraît donc postérieure au procès de révision.
COCHON (Pierre), né dans le dernier tiers du quatorzième siècle, était à Rouen au temps du procès de Jeanne. Vallet de Viriville a publié, sous le titre de Chronique normande, une partie de sa chronique. P. Cochon est ennemi des Armagnacs, mais peu ami des Anglais.
DUMFERLING (le religieux de), Écossais, a suivi Jeanne d'Arc et assisté à ses derniers moments, mais sa chronique est mutilée au moment où commence l'histoire de la Pucelle; il n'en reste qu'un court fragment.
EBERHARD DE WINDECKEN, trésorier de l'empereur Sigismond, a écrit l'histoire du règne de ce prince. Il a puisé ce qu'il dit de Jeanne d'Arc dans les relations officielles
envoyées de France à l'empereur. Ce fragment a été donné par M. G. Goerres, Die Jungfrau von Orleans, chap. XXVIII, et appendice.
FAUQUEMBERGUE (Clément de), greffier du parlement de Paris, a écrit des notes fort curieuses pour l'histoire du temps sur le registre qu'il était chargé de tenir.
GRUEL (Guillaume), écuyer du connétable de Richemont. Il écrivit son histoire ou plutôt son apologie, après sa mort, en 1458.
JOURNAL DU SIÉGE D'ORLÉANS, imprimé aux frais de la ville d'Orléans en 1576. M. J. Quicherat le croit rédigé en 1467, à cause de ses emprunts à Chartier et à Berri, mais
les détails du siége doivent être pris de registres du temps.
LEFEBVRE DE SAINT-REMI, conseiller du duc de Bourgogne et roi d'armes de la Toison d'or, écrivit ses Mémoires en 1460, à l'âge de soixante-sept ans.
MIROIR DES FEMMES VERTUEUSES. On y trouve une petite histoire de Jeanne d'Arc, fort populaire au temps de Louis XII ; la légende y tient une grande place.
MONSTRELET (Enguerrand de), célèbre chroniqueur bourguignon, attaché à la maison de Luxembourg; mourut en 1453. On connaît sa partialité contre Jeanne d'Arc.
MYSTÈRE DU SIÉGE D'ORLÉANS, écrit par un Orléanais et probablement représenté pour la 2e partie (depuis le commencement du siége : ce qui était à l'origine tout le mystère)
en 1435 et en 1439. Ce mystère paraît être emprunté à la même source que le Journal du siége : au milieu des fictions propres à ce genre d'écrit, il renferme des traits intéressants pour l'histoire. Voyez la préface de M. Guessard, qui l'a publié avec M. de Certain. Voyez aussi une thèse de M. H. Tivier, qui l'attribue un peu témérairement à Jacques Millet, auteur d'un mystère intitulé : Histoire de la destruction de Troye la Grant, attribution qui n'a d'autre fondement que des rapports d'analogie dans la
composition des deux mystères. Il reconnaît que l'œuvre est antérieure à la condamnation du duc d'Alençon, en 1458, pour des raisons analogues à celles de M. Guessard, qui la
croit antérieure à la condamnation du maréchal de Rais en 1440. M. Tivier la ferait volontiers contemporaine du procès de réhabilitation en 1456 (Étude sur le Mystère du
siége d'Orléans, Paris, 1868).
PHILIPPE DE BERGAME, né en 1433, publia en 1497 un livre De claris electisque mulieribus, où la légende domine l'histoire.
PIE II (Æneas-Sylvius-Piccolomini), pape, écrivit des Mémoires qui retracent l'histoire générale du quinzième siècle jusqu'en 1463. Il parle de Jeanne en son VIe livre.
ROGIER (Jean), mort en 1637, a composé un Recueil des chartes, titres, etc., de l'hôtel de ville de Reims, et une Histoire des habitants de Reims, depuis 1160 environ,
d'après les lettres et pièces officielles qu'il avait recueillies.
SAINT-THIBAUT DE METZ (le doyen de), Chronique de Metz de 1337 à 1445, et liste chronologique des rois de France jusqu'à Charles VII, portant la date du 24 janvier
1460 (1461).
SALA (Pierre), au service de la maison royale, de Louis XI à François Ier : congédié comme trop vieux par François Ier à son avénement, il se retira à Lyon, où il écrivit ses Hardiesses des grands rois et empereurs.
THOMASSIN (Matthieu), né à Lyon en 1391; procureur général fiscal en Dauphiné sous Charles VII, puis président des comptes à Grenoble, fut chargé en 1456 par le dauphin
Louis (Louis XI) de composer un livre sur l'histoire et les droits de la couronne delphinale. C'est le Registre delphinal.
WAVRIN DE FORESTEL (Jean de), combattait déjà à Azincourt, et suivit J. Falstolf à la bataille de Patay. Il fondit ses propres récits dans une compilation de Froissart, Monstrelet, etc., qu'il appela Chroniques d'Angleterre. Il écrivit de 1455 à 1460.
Ces indications sont pour la plus grande partie empruntées aux notices de M. J. Quicherat. Nous y renvoyons pour les détails supplémentaires, comme pour les auteurs
que nous avons eu moins souvent l'occasion de citer.
Source
: Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879.
|