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L'abréviateur du procès
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index
p. 51 à 52 du ms. |
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ERTAIN bien bref temps apprez, ledit evesque de Beauvoys, sollicite
par le roy d'Angleterre et les gens de son conseil, qui desiroyent la mort de
ladicte Pucelle, se transporta a Rouen. Euquel lieu il feist appeller tous les
plus grands personnaiges et les plus clercz et lectrez, les advocatz et notaires,
les noms desquelz sont icy apprez escriptz. Et quand ilz furent assemblez,
il leur dist et desclaira comme le roy de France et d'Angleterre, leur souverain
seigneur, avoit esté conseillé de par les seigneurs et gens [52] de son conseil, par l'Université de Paris, de faire faire le procez d'une femme nomme Jhenne, vulgairement appellee La Pucelle, laquelle est accusee de heresie et d'art dyabolicque et de plusieurs aultres crimes et malefices. Et que, pour ce que ladicte femme avoit este prinse et apprehendee en ce dyocese, c'estoit a luy a faire son procez ; auquel il vouloit besongner par leur conseil. Et leur pria y assister avecques luy, pour y faire ce qui sera trouve par raison.
Tous lesquelz respondirent qu'ilz estoyent prest de obayr au roy. Et qu'ilz assisteroyent voluntiers audit procez.
Le lendemain, pour ce que alors le siege archiepiscopal estoit vaccant, et que la jurisdicion estoit es mains du chappitre de l'Eglise de Rouen, ledit evesque se trouva eudit chappitre et dist au doyen et chanoynes d'icelle eglise pareilles paroles qu'il avoit dictes le jour de devant. Mais, pour ce qu'il estoit hors de son diocese, voulloit bien avoir congié et permission de besongner eu territoire de l'archevesque de Rouen ; et leur pria luy permectre de besongner eudit territoire. Ce qui luy fut accordé. Dont il demanda lectre,
ce qui luy fut octroyee.
Source
: Édition de "La minute française des interrogatoires de Jeanne la Pucelle".1952 - Paul Doncoeur.
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