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Journal d'un Bourgeois de Paris-
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chap.574-75-76 |
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tem, dist que elle est certaine de estre [en] paradis en la fin de ses jours.
575 - Item, dist que elle est toute certaine que ce est sainct Michel et saincte Katherine et saincte Marguerite qui à lui parlent souvent, et quant elle veult, et que bien souvent les a veuz avec couronnes d'or en leurs testes, et que tout ce qu'elle fait est du commandement de Dieu, et, plus fort, dit qu'elle scet grant partie des choses à advenir.
576 - Item, plusieurs foys a prins le precieux sacrement de l'autel toute armée, vestue en guise de homme, les cheveulx rondiz, chapperon deschicqueté, gippon, chausses vermeilles atachées à foison aguillettes, dont aucuns grans signeurs et dames lui disoient en la reprenant de la derision de sa vesture, que ce estoit pou priser Nostre Seigneur de le recevoir en tel habit, femme qu'elle estoit, laquelle leur respondit promptement, car pour rien n'en ferait autrement et que mieulx aimerait mourir que laisser l'abit de homme pour nulle defense, et que, se elle vouloit, elle ferait tonner et autres merveilles, et que une foys on (volt) lui faire [de son corps] desplaisir, mais elle sailly d'une haulte tour en bas sans soy blecier aucunement (1).
574 - Item. — Elle dit être certaine d'entrer en paradis à la fin de ses jours.
575 - Item. — Elle dit être toute certaine que ce sont saint Michel, sainte Catherine, et sainte Marguerite qui lui parlent souvent, et quand elle veut; que bien souvent elle les a vus avec des couronnes d'or en tête, que tout ce qu'elle a fait est du commandement de Dieu, et ce qui est plus fort, elle dit savoir une grande partie des choses à venir.
576 - Item. — Plusieurs fois elle a pris le précieux Sacrement de l'Autel, tout armée, vêtue en guise d'homme, les cheveux arrondis, chaperon déchiqueté, gippon, chausses vermeilles attachées avec foison d'aiguillettes. Certains grands seigneurs et dames, la reprenant de son vêtement de dérision, lui disaient que c'était peu priser Notre-Seigneur que de le recevoir en tel habit, vu qu'elle était une femme, elle leur répondit promptement que pour rien elle ne ferait autrement, qu'elle aimerait mieux mourir que laisser son vêtement d'homme, pour défense qui lui en serait faite; que si elle voulait, elle ferait tonner, et ferait d'autres merveilles; qu'une fois on voulut lui faire déplaisir de son corps et qu'elle saillit d'une haute tour en bas, sans se blesser aucunement.
Source : Texte original et notes d'érudition : "Journal d'un bourgeois de Paris" - Alexandre Tuetey - 1881.
Mise en Français plus moderne : J.B.J. Ayroles, "la vraie Jeanne d'Arc", t.III, p.513 à 530.
Notes (A. Tuetey) :
1 Allusion à la chute que fit Jeanne d'Arc en essayent de s'échapper du château de Beaurevoir en Cambresis, où elle avait été enfermée par Jean de Luxembourg; mais cette tentative d'évasion ne se rattache nullement aux obsessions dont l'héroïne aurait été l'objet durant sa captivité de la part d'un écuyer de Jean de Luxembourg, Aymon de Macy.
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