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Chronique
d'Enguerrand de Monstrelet
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L.I-257 - [Comment le seigneur d'Offemont cuidant entrer en la ville de Meaulx fu prins. Et de la prinse de ladicte ville de Meaulx.] |
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n ces propres jours le seigneur d'Offemont assembla quarante combatans ou environ, des plus expers et renommez en fait de guerre qu'il peut finer, et les mena et conduist jusques assez près de la ville de Meaulx, où tenoit siège le roy d'Angleterre, comme vous avez oy. Et s'en ala ledit d'Offemont sur entencion d'entrer secrètement en icelle ville pour aider et conforter lesdiz assègez, qui par plusieurs [fois] l'avoient mandé pour estre leur capitaine. Lesquelz, sachans sa venue, estoient préparez pour le recevoir, et avoient sur le soir mise une eschèle au dehors des murs par où il devoit monter et toutes ses gens. Et lors, au jour assigné par les parties, ledit d'Offemont s'approucha pour fournir et accomplir sadicte entreprise. Si rencontra aucuns de ceulx du guet des Anglois, qui tantost furent mis à mort, et après cela jusques ès fossez de ladicte ville, et commencèrent ses gens à monter par l'eschèle dessusdicte, et de fait en y monta plusieurs. Mais lui, qui aloit tout derrière pour les bouter avant, en passant sur une vieille planche par dessus ung grant fossé, chey armé de plein harnois dedens ledit fossé, et n'en peut estre mis hors par ses gens, non obstant qu'ilz lui baillèrent deux lances l'une après l'autre, lesquelles lui demourèrent ès mains. Et entretant, ceulx de l'ost qui oyrent la murmure et effroy, vindrent sur eulx à grant puissance et les prindrent sans délay. Et fut ledit seigneur d'Offemont navré cruellement ou visage, et pareillement plusieurs de ses gens. Et en cet estat le menèrent devant le roy d'Angleterre, qui de sa prinse fut moult joieux, et l'examina sur plusieurs propos, et après le fist mectre en bonne garde et bien penser de sa personne.
Et lendemain lesdiz assègez, tristes de cuer pour ceste adventure, doubtans que à la longue ne pourraient garder la ville et le marchié, firent retraire aucuns de leurs biens de ladicte ville dedens ledit marchié. Laquelle chose apperceue par les gens Jehan de Gingin, savoyen, qui estoit audit siège, s'esmeurent soudainement et alèrent assaillir ladicte ville. Et d'autre part commença l'assault de toutes pars, tel et si aspre qu'en brief la ville fut gaignée, sans ce que les asségans y feissent grant perte de leurs gens.
Source : La chronique
d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860)
Notes :
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