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Chronique d'Enguerrand de Monstrelet - index
L.II-56 - Comment les Anglois alans au secours du siège d'Orliens rencontrèrent les François, qui les assaillirent.

n ces jours, le duc de Bethfort régent, estant à Paris, fist assambler, tant des marches de Normandie comme de l'Isle de France et à l'environ, de quatre à cinq cens, que chars que charrettes, lesquelz, avec la diligence de plusieurs marchans, furent chargiés de vivres, artilleries et autres marchandises, pour mener devers les dessusdiz Anglois. Et après que ledit charroy et autres besongnes furent prestes, tout fu baillié à conduire à messire Jehan Fastot (1), grand maistre d'ostel dudit duc de Bethfort. Avec lequel furent commis, le prévost de Paris, nommé messire Simon Mahieu (2), le bastard de Thian, chevalier, bailly de Senlis, le prévost de Melun et pluiseurs aultres officiers des marches de l'Isle de France et d'environ, acompaigniés de seize cens combatans, et bien mil communes. A tout lesquelz se départi ledit Fastot de Paris, le jour des Cendres (3), et conduist par plusieurs journées ledit charroy et ses gens en bonne ordonnance jusques à ung village nommé Rouvroy en Beausse (4), séant entre Genville (5) et Orliens. Auquel lieu estoient assamblés, pour les combatre, pluiseurs capitaines François, qui long temps par avant sçavoient assez bien leur venue. C'est assavoir, Charles, duc de Bourbon, les deux mareschaulx de France, le connestable d'Escoce et son filz, le seigneur de La Tour, le seigneur de Chauvegni, le seigneur de Graville, messire Guillaume de Labreth, le visconte de Thouars, le bastard d'Orliens, Jacques de Chabannes, le seigneur de La Faiette, Pothon de Sainte-Treille, Estievene de Vignolles, autrement apellé La Hire, messire Theolde de Walleperghe et pluiseurs aultres nobles hommes, qui tous ensemble avoient de trois à quatre mille combatans. Desquelz les dessusdiz Anglois savoient bien l'assamblée par aulcuns de leurs gens des garnisons qu'ilz avoient oudit pays. * Et pour tant, en grand diligence firent de leur charroy ung grand parc en plains champs, auquel ilz laissèrent deux yssues ouvertes, et se mirent tout ensamble dedens ycelui, c'est assavoir les archiers, gardant ycelles entrées, et les hommes d'armes, assez près ès lieux nécessaires. Et à l'un des costés, au plus fort lez, estoient les marchands, charretons, paiges et autres gens de petite deffence, avec tous les chevaux. Lesquelz Anglois, en cest estat, attendirent bien deux heures leurs ennemis, lesquelz en grand bruit se vinrent mettre en bataille devant ledit parc, hors du trait. Et leur sambloit, entendu la noblesce et le grand nombre qu'ilz estaient, et qu'ilz n'avoient à faire qu'à gens de plusieurs tires, et n'y avoit que de cinq à six cens anglois de la nacion d'Angleterre, qu'ilz ne povoient eschapper de leurs mains et seroient tantost vaincus. Nientmains, les aulcuns faisoient grand doubte que le contraire ne leur en advenist, pour ce que les capitaines d'iceulx François ne se concordoient point bien ensamble. Car les uns, et par espécial les Escossois, vouloient combatre à pied, et les aultres vouloient demeurer à cheval. Et adonc, Charles de Bourbon fut fait chevalier, du seigneur de La Faiette ; et aulcuns aultres. Et entretant, ledit connestable d'Escoce et son filz se mirent à pied et avec eulx toutes leurs gens. Sy alèrent en assez brief terme, les ungs à pied, les autres à cheval, envayr et combatre leurs ennemis, desquelz ilz furent receuz très courageusement. Et commencèrent les archers Anglois, qui estoient très bien targiés (6) de leur charroy, à tirer très raidement. Duquel trait, de plaine venue, firent redonder arrière d'eulx ceulx de cheval avec les hommes d'armes. Et lors, à l'une de leurs entrées, se combati le connestable d'Escoce et ses gens, qui, à brief comprendre, furent desconfis et mors en la place. Et fu mort messire Jehan Stouart (7), avec lequel furent mors son filz, messire Guillaume de Labreth, seigneur d'Orval, le seigneur de Chasteaubrun, le seigneur de Monpipel, messire Jehan Larigot, le seigneur de Verduisant, le seigneur d'Yvery, le seigneur de La Grève, messire Anthoine de Prully, et bien six vins gentilz hommes et aultres, jusques au nombre de cinq à six cens combatans, desquelz la plus grande partie estoient Escossois. Et les autres capitaines dessusdiz, à tout leurs gens, se départirent et s'en ralèrent ès parties dont ils estoient venus. Et les dessusdiz Anglois se rafreschirent ceste nuit oudit Rouvroy, et lendemain s'en partirent et s'en alèrent, à tout leur charroy, par aulcuns peu de jours, jusques à Orliens, moult joieusement, tant pour la bonne fortune qu'ilz avoient eue, comme pour les vivres qui leur menoient. Si fu la journée dessudicte, depuis ce jour jusques en avant [dite], en langage commun, la Bataille des harens. Et la cause de ce nom, si fut pour ce que grand partie du charroy desdiz Anglois estoit chargés de harens et autres vivres de quaresme. Pour laquelle male aventure ainsy advenue, Charles, roy de France, eut au cuer grand tristesse, véant de toutes pars ses besongnes venir au contraire et persévérer de mal en pis.
  La dessusdicte bataille de Rouvroy fu faite la nuit des Brandons, environ trois heures après midi (8). Et n'y eut mort de la partie des Anglois, des gens de nom, que ung seul homme nommé Bresantiau, nepveu de messire Simon Morhier, prévost de Paris. Et y furent fais chevaliers, de la partie des Anglois, Le Galois d'Aunay, seigneur d'Orville, le Grand Raulin et Loys de Luru, savoyen. Et povoient estre lesdiz Anglois environ seize cens combatans de bonne estoffe, sans les communes. Et comme dit est dessus, les François estaient bien de trois à quatre mille. Et furent fais chevaliers avec ledit Charles de Bourbon, le seigneur de (9)..... et le seigneur de Chasteaubrun. Et n'y eut ce jour prins que ung prisonnier, qui estoit escossois.


   

                                                   

  ...Les Anglais firent en très grande diligence de leurs charrois, en plein champ, un grand parc auquel ils laissèrent deux issues pour ouverture, et ils se mirent à l'intérieur, les archers à la garde de ces entrées, et les hommes d'armes assez près, aux lieux convenables. A l'un des côtés, le plus fort, étaient les marchands, les charretons, les pages, et autres gens de petite défense avec les chevaux. En cet état, les Anglais attendirent bien deux heures leurs ennemis, qui en grand bruit vinrent se mettre en bataille devant le parc, hors de la portée des traits. Il leur semblait, attendu leur grand nombre, la diversité des ennemis ramassés de différents pays (il n'y avait que cinq à six cents Anglais venus d'Angleterre), qu'ils ne pouvaient échapper de leurs mains, et qu'ils seraient bientôt vaincus. Néanmoins quelques-uns craignaient beaucoup le contraire, parce que les capitaines français n'étaient pas d'accord entre eux, les uns, spécialement les Écossais, voulant combattre et livrer bataille à pied, et les autres voulant demeurer à cheval... Ils allèrent assez promptement, les uns à pied, les autres à cheval, attaquer et combattre leurs ennemis qui les reçurent très courageusement. Les archers anglais, qui étaient très bien défendus par leurs charrois, commencèrent à tirer très raidement, et de pleine venue ils firent reculer loin d'eux ceux qui étaient à cheval avec leurs hommes d'armes. Le connétable d'Écosse et ses gens combattirent dès lors à l'une des entrées, mais, pour être bref, ils furent déconfits, et moururent sur la place le connétable d'Écosse... et bien jusqu'à cent-vingt gentilshommes et d'autres jusqu'au nombre de cinq ou six cents combattants, la plus grande partie Écossais... et n'y eut de mort de la partie des Anglais, de gens de nom, qu'un seul homme nommé Bresanteau, neveu de Messire Morhier, prévôt de Paris... Et pouvaient être les Anglais environ dix-sept cents combattants de bonne étoffe, sans les communes, et, comme il est dit ci-dessus, les Français
étaient bien de trois à quatre mille... Pour laquelle male aventure ainsi advenue, Charles eut au cœur grande tristesse, voyant de toutes parts ses besognes venir au contraire de mal en pis.
  La dessus dite bataille de Rouvray fut faite la nuit des Brandons (1er dimanche de Carême) environ trois heures après midi.
..

                                                 


Source : La chronique d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860)
Mise en Français plus moderne : J.B.J. Ayroles, "La vraie Jeanne d'Arc" - t.III.


Notes :
1 Falstoff.

2 Simon Morhier.

3 Le 18 février 1429 (N. S.).

4 Rouvray Saint-Denis (Eure-et-Loir).

5 Janville, id.

6 Targiés de leur charroy: couverts, défendus; de targe, bouclier.

7 Stuart.

8 Le 21 février 1429.

9 Ici un mot en blanc dans le ms. 8346. Vérard ne mentionne que Charles de Bourbon et le seigneur de Chasteaubrun.


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