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Chronique d'Enguerrand de Monstrelet - index
L.II-70 - Comment le roy de France fist assaillir la ville de Paris.

tem, le roy Charles de France estant à Compiengne, comme dit est, lui furent apportées certaines nouvelles que le duc Bethfort, régent, à tout sa puissance, s'en aloit en Normendie pour combatre le connestable, lequel vers Evreux traveilloit fort le pays. Et pour tant, ycelui roy Charles, après qu'il eust esté dedens la ville de Compiengne douze jours ou environ, il se partit de là, et laissa Guillaume de Flavy capitaine d'icelle, et à tout son ost s'en ala à Senlis. Laquelle cité se rendit au roy par traictié. Si se loga dedens avec grand partie de ses gens, et les aultres se logèrent ès villages environ.

  Esquelz jours aussi, firent obéyssance au roy dessusdit pluiseurs bonnes villes et forteresces. Est assavoir Beauvais, Creil, le Pont-Sainte-Maxence, Choisi, Gournay-sur-Aronde, Remy, la Neufville-en-Heez ; et à l'autre costé, Mognay, Chantilly, Saintines et pluiseurs aultres. Aussi lui firent sairement de fidélité les seigneurs de Montmorenci et de Moy. Et pour vérité, se il, à tout sa puissance, fust venu à Saint-Quentin, Corbie, Amiens, Abbeville et pluiseurs aultres fortes villes et fors chasteaulx, la plus grand partie des habitans d'ycelles estoient tous pretz de le recevoir à seigneur, et ne désiroient ou monde aultre chose que de luy faire obéyssance et plaine ouverture. Toutefois, il ne lui fut point conseillé de traire si avant sur les marches du duc de Bourgongne, tant pour ce qu'il le sentoit fort de gens de guerre, comme pour l'espérance qu'il avoit que aulcun bon traictié se feist entre eulx.

  Et après que le roy Charles eust sousjourné dedens Senlis aulcuns peu de jours, il se party de là et s'en ala, à tout son ost, logier à Saint-Denis, qu'il trouva comme habandonnée, et s'en estoient, les gens d'ycelle, fuys à Paris, c'est assavoir grand partie des plus puissans bourgois et habitans d'ycelle ville. Et ses gens se logèrent à Aubert Villers, à Montmartre et ès villages environ, assez près de Paris. Si estoit lors avec ledit roy Jehenne la Pucelle, qui moult avoit grand renommée, laquelle chascun jour induisoit le Roy et ses princes ad ce qu'il feist assaillir la ville de Paris. Si fut conclud que le lundi, XIIe jour de septembre, ou
livreroit ledit assault. Après laquelle conclusion prise, on fist apprester toutes gens de guerre. Et à ce propre lundi dessusdit, se mist le roy Charles en bataille, entre Paris et Montmartre, ses princes avec lui. Et ladicte Pucelle, avec ly ceulx de l'avant-garde en très grand nombre, s'en ala, à tout son estandart, à la porte Saint-Honnouré, faisant porter avec ly pluiseurs eschelles, fagos et aultres habillemens d'assault. Auquel lieu elle fist entrer dedens les fossés pluiseurs de ses gens, tous à pied. Et commença l'assault à dix heures ou environ, moult dur, aspre et cruel, lequel dura en continuant, de quatre à cinq heures, ou plus. Mais les Parisiens, qui estoient dedens leur ville accompaigniés de Loys de Luxembourg, évesque de Terrewane et chancelier de France pour le roy Henry, et d'aulcuns aultres notables chevaliers que le duc de Bourgongne leur avoit envoyé, comme le seigneur de Créqui, le seigneur de l'Isle-Adam, messire Simon de Lalaing, messire Walerant de Beauval et aulcuns aultres notables hommes, accompaigniés de quatre cens combatans, se défendirent viguereusement et de grand courage. Et avoient par avant ledit assault, ordonné par capitaineries, à chascun sa garde, ès lieux propices et convenables. Durant lequel assault furent renversés et abatus plusieurs desdiz François, et en y eut très grand nombre de mors et de navrés par les canons, culevrines et autre traict que leur gectoient lesdiz Parisiens. Entre lesquelz la Pucelle fut très fort navrée, et demoura tout le jour ès fossés derrière une dodenne, jusques au vespre, que Guichard de Chiembronne et aultres, l'alèrent querre. Et d'aultre part y eut navrés pluiseurs des défendans. Et finablement, les capitaines François, véans leurs gens en tel péril, considérons qu'il leur estoit chose impossible de conquerre la ville par force, entendu que yceulx Parisiens avoient une commune voulenté d'eulx défendre sans y avoir division, firent soudainement sonner la retraite, et en reportant les dessusdiz mors et navrés, retournèrent à leurs logis.

  Et lendemain, le roy Charles, triste et dolent de la perte de ses gens, s'en ala à Sentis, pour garir et médéciner les navrés. Et les dessusdiz Parisiens, plus que par avant, se reconformèrent les ungs avec les autres, prometans que de tout leur puissance ils résisteraient jusques à la mort contre ycelui roy Charles, qui les vouloit, comme ilz disoient, du tout destruire. Et puet bien estre qu'ilz le clamoient, comme ceulx qui grandement se sentoient fourfais par devers lui, en le ayant débouté de ladicte ville. Et avoient mis à mort cruelle pluiseurs de ses féables serviteurs, comme en aultre lieu est plus à plain déclairé.

 

                                                   

  Le roi Charles de France étant encore à Compiègne reçut des nouvelles d'après lesquelles le duc de Bedford, le régent, s'en allait avec une armée en Normandie pour combattre le Connétable, qui travaillait fort le pays du côté d'Évreux. Par suite, le roi Charles quitta Compiègne après un séjour de douze jours environ, y laissant Guillaume de Flavy pour capitaine. Avec son armée il alla à Senlis qui, après traité, se rendit au roi. Il se logea dans ses murs avec une grande partie de ses gens ; les autres se logèrent dans les villages environnants.

  En ces jours firent obéissance au roi plusieurs villes et forteresses : Beauvais, Creil, Pont-Sainte-Maxence, Choisy, Gournay-sur-Aronde, Remy, la Neuville-en-Reez, et de l'autre côté Mognay, Chantilly, Saintines et plusieurs autres. Lui firent aussi serment les seigneurs de Montmoren cy
et de Moy. Et en vérité, si, avec son armée, il fut venu à Saint-Quentin, Corbie, Amiens, Abbeville et devant plusieurs autres villes et chateaux forts, la plupart de leurs habitants étaient tout prêts à le recevoir comme seigneur, et ils ne désiraient autre chose au monde que de lui faire obéissance et pleine ouverture. Toutefois il ne fut pas conseillé de s'avancer si avant sur les marches du duc de Bourgogne, tant parce qu'il le sentait fort de gens d'armes, que pour l'espérance qu'il avait qu'il se fît entre eux quelque bon traité.

  Après un séjour de peu de jours à Senlis, le roi en partit et avec toute son armée alla se loger à Saint-Denis; les gens s'en étaient enfuis à Paris, je veux dire les plus grands bourgeois et plus notables habitants. Ses gens se logèrent à Aubervilliers, à Montmartre, et aux villages près de Paris. Alors était avec le roi Jeanne la Pucelle, qui avait très grande renommée. Chaque jour elle exhortait le roi et ses princes à faire assaillir la ville de Paris. Il fut conclu que cet assaut serait livré le lundi 12 septembre. Cette conclusion arrêtée, on fit apprêter tous les gens de guerre, et ce lundi le roi se mit en bataille entre Paris et Montmartre, ses princes avec lui. La Pucelle, avec l'avant-garde qui était fort nombreuse, s'en alla, son étendard en mains, à la porte Saint-Honoré, faisant porter avec elle plusieurs échelles, des fagots, et d'autres appareils nécessaires à un assaut. Là elle fit entrer plusieurs de ses gens à pied dans les fossés et elle commença l'assaut à dix heures environ ; il fut très dur, âpre et cruel, et dura sans discontinuer de quatre à cinq heures, ou même plus. Les Parisiens se défendirent vigoureusement et avec grand courage, soutenus qu'ils étaient par Louis de Luxembourg, évêque de Thérouanne et chancelier de France pour le roi Henri, et par plusieurs autres notables chevaliers que le duc de Bourgogne leur avait envoyés, tels que le seigneur de Créquy, le seigneur de L'Isle-Adam, Messire Simon de Lalaing, Messire Waleran de Beauval, et d'autres notables hommes qui avaient amené quatre cents combattants. Avant ledit assaut, on avait assigné à chacun, par capitainerie, la garde des lieux propices et convenables. Pendant cet assaut, plusieurs Français furent renversés et abattus, un très grand nombre furent tués et blessés par les canons, les coulevrines, et les autres armes de trait que les Parisiens déchargeaient contre eux. Jeanne la Pucelle fut très fort navrée (blessée); elle demeura tout le jour dans les fossés derrière le revers du talus, jusqu'au soir que Guichard de Thiembronne et d'autres allèrent la quérir. D'autre part il y eut plusieurs blessés parmi les défenseurs de la ville. Finalement, les capitaines français, voyant leurs gens en si grand péril, et considérant qu'il leur était impossible d'emporter la ville de force, alors que les Parisiens étaient unanimes à vouloir se défendre, sans qu'il y eût division parmi eux, firent soudainement sonner la retraite, et retournèrent à leurs logis, en emportant les morts et les blessés.

  Le lendemain le roi Charles, triste et affligé de la perte de ses gens, s'en alla à Senlis pour procurer la guérison et les soins des blessés. Les Parisiens se confirmèrent encore les uns les autres dans leur dessein, promettant qu'ils résisteraient jusqu'à la mort de toutes leurs forces, au roi, qui, à ce que l'on disait, voulait entièrement les détruire. Peut-être le craignaient-ils, se sentant gravement coupables envers lui qu'ils avaient privé de sa capitale, et vu qu'ils avaient mis à mort plusieurs de ses loyaux sujets, comme il a été plus pleinement exposé ailleurs.


                                                 


Source : La chronique d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860)
Mise en Français plus moderne : J.B.J. Ayroles, "La vraie Jeanne d'Arc" - t.III.





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