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Chronique
d'Enguerrand de Monstrelet
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L.II-77 - Comment le duc de Bourgongne se remaria la tierce fois à madame Ysabel, fille au roy de Portingal. |
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e Xe jour de janvier de cest an, fut tenu la feste de Phelippe, duc de Bourgongne, et de dame Ysabel, fille au roy de Portingal, en la ville de Bruges, en une maison faite toute propice nouvellement pour lesdictes nopces. Si fut y celle feste moult riche et sollempnelle, et estoient les rues de la ville encourtinées en plusieurs lieux de tapis et plusieurs draps de haultelice. Auxquelles nopces furent deux des seurs d'icellui duc, est assavoir, Anne, duchesse de Bethfort, et la duchesse de Clèves, la contesse de Namur, le conte de Braine et de Conversen, messire Jehan de Luxembourg, son frère, et la dame de Beaurevoir, et l'évesque de Liège, et moult d'aultres grans seigneurs, dames et damoiselles. Entre lesquelz y furent de grand estat de paremens, et d'exquis et divers vestemens de gens et de chevaulx, chascun jour en diverses parures, le dit évesque de Liège, messire Jehan, bastard de Saint Pol, messire Jehan de Hornes et aulcuns aultres. Et quand, ladicte duchesse, laquelle avoient amené par mer ung de ses frères et les ambaxadeurs que y avoit envoyé le duc de Bourgongne, desquelz estoient principaulx le seigneur de Roubaix et maistre Gille d'Estornay, prévost de Harlebecque, vindrent auprès de la ville de Bruges, et les bourgois en grand nombre et en grand estat yssirent à l'encontre d'elle. Et avoit avec eulx cent et soixante quatre trompettes, lesquelles sonnoient moult mélodieusement. Quand est à parler des grans estas qui y furent fais sans nombre en divers mès de boires et de mengiers très plantiveusement, par l'espace de huit jours ou environ, ilz seroient trop longz à déclairer. Et y avoit figures de unicornes et autres bestes sauvages, qui par engin jettoient clère yaue roze, vins en aulcuns lieux, en habondant de ceulx qui estoient de ladicte feste. Si n'avoit ledit duc à nulles de ses aultres femmes espouser tenu si riche feste comme il fist à ycelle, qui estoit la tierce. Et y furent fais par pluiseurs jours gratis joustes et autres esbatemens de pluiseurs notables chevaliers et escuyers. Et cousta celle feste audit duc très grand finance.
Source : La chronique
d'Enguerrand de Monstrelet - Tome IV (L.Douët d'Arcq - 1860)
Notes :
1 Jean Ier.
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