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Chronique
des Cordeliers de Paris
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Folio
489 |
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on obstans ces lettres, le roy Charles ne prist ne volt prendre
nulle journée de combatre, ne aultrement, mais tousjours
conquestoit païs. Et toutesfois furent les deux puissances
de Franchois et de Engloix par troix jours bien près l'un
de l'autre en plains camps ; mais les Engloix, qui n'estoient point
de si très grant puissance que les Franchoix, se encloïrent
et ne volrent yssir horz de leur cloz, sinon pour combattre à
piet, et leurs ennemis estoient trop et les euissent combatus de
piet et de cheval. Et pour ce demoura le chose en ce point, excepté
qu'il y eubt aucuns gentilzhommes de Picardie de la garnison de
Paris qui estoient à cheval, lesquels le jour de Nostre-Dame
my aoust se frappèrent en l'ost du roy sur ceulx de cheval,
et là y eubt ung estour de fers de lances sans grant perte
d'un costé ne d'autre. Et y furent fais chevaliers le bastard
de Saint-Pol, Jehan de Créquy, Jehan de Bonneul, Jehan de
Fosseux et Mahieu de Landas, Anthoine de Béthune seigneur
de Moreuil, Jehan de Croy et aultres. Et estoient à ce jour
sur le vespre retraites les batailles de piet de chacune partie,
et le roy Charles retourné à Crespy-en-Valloix.
Nonobstant ces lettres, le roi Charles ne prit et ne voulut prendre aucune journée, ni pour combattre ni pour conférer; mais il conquérait toujours de nouveaux pays. Toutefois les deux armées française et anglaise furent durant trois jours bien près l'une de l'autre en rase campagne; mais les Anglais, moins en force que les Français, se renfermèrent dans une clôture et ne voulurent pas sortir de leur enceinte, sinon pour combattre à pied; leurs ennemis étaient trop nombreux, et ils les eussent combattus à pied et à cheval. Pour cela la chose demeura en ce point, excepté que quelques gentilshommes de Picardie de la garnison de Paris étant à cheval, attaquèrent, en la fête de Notre-Dame de la mi-août, ceux de l'armée du roi qui eux aussi étaient à cheval. Il y eut alors une passe de fers de lance sans grande perte ni d'un côté ni de l'autre... Sur le soir de ce jour, les bataillons à pied de chacune des parties se retirèrent, et le roi Charles retourna à Crépy-en-Valois.
Source
: édition Jules Quicherat - 1882.
Mise en Français plus moderne : J.-B.-J. Ayroles "La vraie Jeanne d'Arc - t.III.
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