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Chronique
des Cordeliers de Paris
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Folio
493-94 |
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ultre coppie de lettres du roy Henry par lesquelles il commist le
duc de Bourgongne gouverneur de Paris et d'ailleurs.
"Henry, par la grace de Dieu roy de France et d'Engleterre,
à tous ceulx qui ces présentes lectres verront, salut.
Savoir faisons que, comme nostre très chier et
très amé oncle Jehan, regent de nostre royaulme de
France, duc de Detheford, considerant les grans affaires et diverses
charges qu'il a à supporter pour le present tant pour le
gouvernement de nostre dit royaume, comme meismement pour nostre
duchié de Normandie auquel nos anemis et adversaires se sont
boutés à grosses puis sances, ait prié, requis
bien instamment, cordiallement et adcertes nostre très chier
et amé oncle Philippe, due de Bourgongne, conte de Flandre,
d'Artois et de Bourgongne palatin, et de Namur, seigneur de Salins
et de Malines, de luy aidier à conduire et supporter partie
desdittes affaires, et par especial de prendre et accepter le gouvernement
et garde de nostre bonne ville, prevosté et visconté
de Paris et des villes et villaiges de Chartres, de Melun, Sens,
Troyes, Chaumont en Vassigny, Saint-Tangou, Vermandois, Amiens,
Tornesis et SaintAmand et le seneschauchée de Ponthieu, reservées
les villes et chastiaux et chastelenies de Dreux, Villeneufve-le-Roy,
Crotoy, Rue et les pays de la conqueste faicte par feu nostre trés
chier seigneur et père, cuy dieux perdoinst, avant la paix
final de nos royaumes de France et d'Engleterre, qui demourront
en l'estat et garde où elles sont de present ; lequel nostre
oncle de Bourgongne, pour amour et honneur de nous et de nostre
dit oncle le regent, son beau frère, et pour la conservation
et entretenement de nostre seignourie et tuicion de nostre bonne
ville de Paris et des lieux dessusdiz, jasoit ce qu'il ait de present
pluiseurs grans et pesans affaires pour le gouvernement de ses païs
et seignouries, en a prins et accepté le gouvernement et
garde; et nous, aiant ceste chose très plaisant et aggréable,
cognoissans par vraie experience le grant puissance, vaillance et
léaulté de nostre dit oncle de Bourgongne : icelui
nostre oncle de Bourgongne, par l'advis et deliberacion de nostre
dit onclc le regent et les gens de nostre grant conseil en France,
avons ordonné et commis, ordonnons et commettons par ces
presentes nostre lieutenant ès bailliages et lieux dessus
ditz et gouvernement d'iceulx, en lui donnant plain povoir, auctorité
et mandement especial de gouverner et garder pour nous et au nom
de nous et soubz nous, jusques au tamps de nostre venue en nostre
royaume de France, nostre ditte bonne ville de Paris, bailliage
et lieux dessus diz, ensamble noz hommes, vassaulx et subgetz demourans
èsdictes villes, bailliages et lieux ; de donner ou nom de
nous et soubz nostre seeldurant ledit tamps les seignouries, terres,
rentes et revenues qui d'ores en avant nous escherront par la rebellion
et desobéissance de nos subgès aians terres et seignouries
ès lieux qui sont et seront à nous reduis et obéissans
ès mettes de son gouvernement ; de faire procéder
aux officiers royaulx electifs par bonne et deue élection
et confirmacion, ainsi qu'il est acoustumé ; de disposer
des aultres officiers non électifs, selon la fourme declarée
en certainnes noz aultres lettres, et ordonner de toutes aultres
et singulières choses, besongnes et affaires des lieux dessus
diz ; de tenir nos conssaulz, y conclurre et la conclusion exécuter
au bien et honneur de nous et conservacion de nostre dicte seignourie
; et pour ce faire, convertir et emploier toutes les finances qui
nous appartiennent ès appartenances, villes, bailliages et
lieux dessus diz, ainsi que les cas le requeront, en y commettant
et ordonnant de par nous telz officiers que bon luy samblera, sans
pour ce prejudicier ne deroghier en autres choses à l'estat
et dignité de la régence de nostre dit oncle le régent.
Si donnons en mandement à noz amez et féaulx conseilliers
les gens de nostre Parlement, au prévost de Paris et à
tous nos baillis et aultres justiciers, officiers et subgez à
qui il appartendra ou à leurs lieutenans, que nostre oncle
de Bourgongne laissent joïr et user plainement des gouvernement
et garde dessus ditz, et en toutes choses concernans et regardans
ce que dit est obéissent à luy et à ses mandemens
et commandemens sans aulcun contredit ; promectant en bonne foy
à nostre dit oncle de Bourgongne que toutes et quantes foix
que charge de guerre luy sourvendra ès termes dudit gouvernement,
de le aidier de noz gens d'Engleterre et d'ailleurs si avant que
raisonnablement pour le temps faire porrons, quant requis en serons
par nostre dit oncle de Bourgongne. En tesmoing de ce, etc...
Donné à Paris le XIII° jour d'octobre,
l'an de grace mil cccc vingt neuf et de nostre règne le VII°.
Ainsi signées : Par le Roy à la relacion
du Conseil tenu par monseigneur le regent le royaume de France,
duc de Bethefort, ouquel messeigneurs le cardinal d'Engleterre et
le duc de Bourgongue, Vous, les évesque de Beauvais, de Noyon,
de Paris et d'Eureux, le conte de Guise, le premier Président
du Parlement, l'abbé du mont Saint-Micquiel, le sire d'Escalles,
le sire de Santes, messire Jehan Fastol, messire Raoul Bouthillier,
le sire de SaintLiebaut, messire Jehan Poupham, les seigneurs de
Clamecy et du Mesnil, le trésorier du Palais à Paris,
maistre Guillaume le Duc, et pluiseurs aultres estoient.
Jehan Rinel (1)."
« Henri, par la grâce de Dieu, roi de France et d'Angleterre, à tous ceux
qui les présentes verront, salut.
Savoir faisons que notre très
cher et très aimé oncle, Jean, régent de notre royaume de France, duc
de Bedford, considérant les grandes affaires et les diverses charges qu'il
a à supporter pour le présent, tant pour le gouvernement de notredit
royaume, comme surtout pour notre duché de Normandie, sur lequel
nos ennemis et adversaires se sont jetés à grosse puissance, a prié, requis bien instamment, cordialement et sincèrement (2), notre très aimé et très
cher oncle, Philippe, duc de Bourgogne, comte de Flandre, d'Artois et
de Bourgogne, palatin de Namur, seigneur de Salins et de Malines,
de l'aider à conduire et supporter une partie desdites affaires, et spécialement
de prendre et d'accepter le gouvernement et la garde de notre
bonne ville, prévôté et vicomté de Paris, et des villes et des villages de
Chartres, de Melun, Sens, Troyes, Chaumont-en-Bassigny, Saint-Jangou,
Vermandois, Amiens, Tournaisis et Saint-Amand, et la sénéchaussée
du Ponthieu, en exceptant toutefois les villes, châteaux et châtellenies
de Dreux, Villeneuve-le-Roi, Crotoy, Rue, et les pays conquis par feu
notre très cher seigneur et père, que Dieu pardonne, avant la paix finale
de nos royaumes de France et d'Angleterre (le traité de Troyes), qui
demeureront en l'état et garde où ils sont à présent. Notre oncle de
Bourgogne, par amour et par honneur pour nous et pour notredit oncle
le régent son beau-frère, pour la conservation et l'entretien de notre
seigneurie et la défense de notre bonne ville de Paris et des lieux susdits,
encore qu'il ait présentement plusieurs grandes et pesantes affaires pour
le gouvernement de ses pays et seigneuries, a pris cependant le gouvernement
et la garde à lui offerts. Et nous, ayant cette disposition à très grand plaisir et agrément, connaissant
par une véritable expérience la grande puissance, vaillance et
loyauté de notredit oncle de Bourgogne, de l'avis et après délibération
de notredit oncle le régent et des gens de notre grand conseil de France,
avons ordonné et commis, ordonnons et commettons notre oncle de
Bourgogne, notre lieutenant aux bailliages et lieux ci-dessus désignés,
et à leur gouvernement, en lui donnant plein pouvoir, autorité et mandement
spécial de gouverner et de garder pour nous, au nom de nous et
sous nous, jusques au temps de notre venue en France, notredite bonne
ville de Paris, bailliages et lieux susdits, ensemble nos hommes, vassaux
et sujets demeurants ès dites villes, bailliages et lieux; de donner en
notre nom et sous notre sceau, durant ledit temps, les seigneuries, terres,
rentes et revenus qui dorénavant nous écherront par la rébellion et
désobéissance de nos sujets ayant terres et seigneuries aux lieux qui sont
et seront réduits ànotre obéissance, dans les limites de son gouvernement;
de faire procéder par bonne et due élection et confirmation, ainsi qu'il est
accoutumé, aux offices royaux électifs ; de disposer des autres offices non électifs selon la forme déclarée en certaines de nos autres lettres, et d'ordonner
de toutes les autres et particulières choses, nécessités et affaires des lieux susdits ; de tenir nos conseils, d'y conclure et d'exécuter les conclusions pour notre bien et notre honneur et la conservation de notredite
seigneurie ; et, pour ce faire, de recueillir et d'employer toutes les
finances qui nous appartiennent dans les dépendances, villes, bailliages
et lieux ci-dessus désignés, ainsi que les cas le requerront, y commettant
et ordonnant de par nous tels officiers que bon lui semblera ; le tout sans
préjudicier ni déroger en autres choses à l'état et à la dignité de la régence
du régent notredit oncle. Ainsi donnons mandement à nos aimés et féaux conseillers les gens
de notre parlement, au prévôt de Paris, et à tous les baillis et autres justiciers,
officiers et sujets à qui il appartiendra, et à leurs lieutenants, de
laisser notre oncle de Bourgogne jouir et user pleinement des gouvernements
et garde dessus dits, et en tout ce qui concerne et regarde ce qui
vient d'être dit, de lui obéir sans aucun contredit à lui, à ses mandements
et commandements ; promettant en bonne foi à notredit oncle de Bourgogne,
que toutes et chaque fois que charge de guerre lui surviendra dans
les limites dudit gouvernement, nous l'aiderons, dès que par lui nous en
serons requis, de nos gens d'Angleterre et d'ailleurs, autant que raisonnablement
nous pourrons alors le faire. En témoin de ce, etc...
« Donné à Paris le XIIIe jour d'octobre de l'an de grâce 1429, de notre
règne le septième.
Ainsi signé : Par le roi à la relation du conseil tenu par Mgr le
régent du royaume de France, duc de Bedford, auquel étaient présents
Messeigneurs le cardinal d'Angleterre et le duc de Bourgogne, vous, les évèques de Beauvais, de Noyon, de Paris et d'Évreux, le comte de
Guise (3), le premier président du parlement, l'abbé du Mont-Saint-Michel, le sire de Scales, le sire de Santes, Messire Jean Fastolt,
Messire Raoul Bouteiller, le sire de Saint-Liébaut, Messire Jean Poupham,
les seigneurs de Clamecy et du Mesnil, le trésorier du palais à Paris,
Messire le duc, et plusieurs autres.
« JEHAN REINEL. »
Source
: édition Jules Quicherat - 1882.
Mise en Français plus moderne : J.-B.-J. Ayroles "La vraie Jeanne d'Arc - t.III.
Notes :
1 Jean Rinel est le neveu de Pierre Cauchon.
2 Sincèrement est une des multiples acceptions du mot acertes. On pourrait encore dire affectueusement.
3 Jean de Luxembourg.
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