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22 novembre 2024  

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Chronique de Perceval de Cagny - index
17 - Comme la Pucelle donna l'assaut à la ville de Paris

e vendredi IX° jour dudit mois, combien que la Pucelle eust esté bleciée du jour de devant à l'assault devant Paris, elle se leva bien matin et fist venir son beau duc d'Alençon par qui elle se conduisoit, et luy pria qu'il fist sonner les trompilles et monter à cheval pour retourner devant Paris ; et dist, par son martin, que jamais n'en partiroit tant qu'elle eust la ville.
  Ledit d'Alençon et autres des capitaines estoient bien de ce voulloir à l'entreprinse d'elle de y retourner, et aucuns non. Et tantdiz que ilz estoient en ces parolles, le baron de Mommorancy (1), qui tousjours avoit tenu le parti contraire du roi, vint de dedens la ville, accompaignié de L ou LX gentilzhommes, soy rendre en la compaignie de la Pucelle. A quoy le cueur et le courage fut plus esmeu à ceulx de bonne volenté de retourner devant la ville. Et tantdiz que ilz se approuchoient, vindrent le duc de Bar et le conte de Cleremont de par le roi, qui estoit à Saint Denys, et prièrent à la Pucelle que, sans aler plus avant, elle retournast devers le roi, audit lieu de Saint Denys. Et aussi de par le roi prièrent audit d'Alençon et commandèrent à touz les autres cappitaines, que ilz s'en venissent et amenassent la Pucelle devers lui. La Pucelle et le plus de ceulx de la compaignie en furent très marriz, et néantmoins obéirent à la voulenté du roi, espérans aler trouver leur entrée à prendre Paris par l'autre costé et passer Saine à ung pont que le duc d'Alençon avoit fait faire au travers de la rivière endroit Saint Denis ; et ainssi s'en vindrent devers le roi.

 

  Le samedi ensuivant, partie de ceulx qui avoient esté devant Paris, cuidèrent bien matin aler passer la rivière de Saine audit pont ; mais ilz ne pourent pource que le roi qui avoit sceu l'intencion de la Pucelle, du duc d'Alencon et des autres de bon voulloir, toute la nuit fist dépecier ledit pont. Et ainssi furent demourez de passer. Ce jour, le roy tint son conseil, ouquel plusieurs oppinions furent dictes ; et demoura audit lieu jusques au mardi XIII° jour, tousjours tendant affin de retourner sur la rivière de Laire au grant desplaisir de la Pucelle.


                                                         

  Le vendredi, IXe jour du même mois, la Pucelle, quoiqu'elle eût été blessée le jour précédent à l'assaut de Paris, se leva bien matin, et fit venir son beau duc d'Alençon par lequel elle donnait ses ordres ; et elle le pria de faire sonner les trompilles et de monter à cheval pour retourner devant Paris ; et affirma par son Martin que jamais elle n'en partirait sans avoir la ville.
  Le duc d'Alençon et d'autres capitaines avaient bien le vouloir de seconder son entreprise et de retourner ; mais quelques-uns ne le voulaient pas. Tandis qu'ils étaient en ces pourparlers, le baron de Montmorency, qui avait toujours tenu le parti contraire au roi, vint de l'intérieur de la ville accompagné de L ou LX gentilshommes se mettre en la compagnie de la Pucelle; ce qui donna plus de coeur et accrut le courage de ceux qui avaient la bonne volonté de retourner devant la ville. Tandis que se faisait le rapprochement, arrivèrent, de la part du roi qui était à Saint-Denis, le duc de Bar et le comte de Clermont. Ils prièrent la Pucelle que, sans aller plus loin, elle retournât auprès du roi à Saint-Denis. De la part du roi, ils prièrent aussi d'Alençon, et commandèrent à tous les autres capitaines, de venir et d'amener la Pucelle vers lui. La Pucelle et la plupart de ceux de la compagnie en furent très marris ; néanmoins ils obéirent à la volonté du roi, dans l'espérance qu'ils trouveraient entrée pour prendre Paris par l'autre côté, en passant la Seine sur un pont que le duc d'Alençon avait fait jeter sur la rivière vis-à-vis de Saint-Denis; et ils vinrent ainsi vers le roi.
  Le lendemain, samedi, une partie de ceux qui avaient été devant Paris pensèrent aller bien matin passer la Seine sur ledit pont, mais ils ne le purent, parce que le roi, ayant su l'intention de la Pucelle, du duc d'Alençon et des autres de bon vouloir, avait fait passer toute la nuit à le mettre en pièces. Et ils furent ainsi empêchés de passer. Ce jour, le roi tint son conseil auquel plusieurs opinions furent émises ; il demeura à Saint-Denis jusqu'au mardi XIIIe jour de septembre, tendant toujours à revenir sur la Loire, au grand déplaisir de la Pucelle.


                                                 


Sources : Jules Quicherat - "Bibliothèque de l'école des Chartes, t.II, 2° série, p.143 - 1845-46" et "Procès de condamnation et de réhabilitation de la Pucelle" t.IV, p.1 à 37.

Illustrations :
- Porte st Honoré à Paris (Bibliothèque nationale).

Notes :
1 Selon Monstrelet, le baron aurait fait sa soumission lors du séjour de Charles VII à Compiègne. Chartier le nomme parmi ceux qui se distinguèrent aux côtés de Jeanne à l'assaut de Paris. Quicherat condisère Perceval de Cagny comme plus sûr que ces deux historiens.



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- la geste des nobles français
- la chronique de la Pucelle
- le journal du siège d'Orléans
- la chronique de Jean Chartier
- la chronique de Perceval de Cagny
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- l'histoire de Charles VII de Thomas Basin
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