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Jeanne
d'Arc par Henri Wallon - 5° éd. 1879
Appendice 49 : Lettres de Jeanne aux habitants de Reims.
16 et 28 mars 1430 |
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« Très chiers et bien amés et bien desiriés à veoir, Jehanne
la Pucelle ay reçue vous letres faisent mancion que vous
vous doptiés d'avoir le sciege. Veilhés savoir que vous
n'arés point, si je les puis rencontrer ; et si ainsi fut que
je ne les rencontrasse, ne eux venissent devant vous, si vous
fermés vous pourtes, car je serey bien brief vers vous ; et
sy eux y sont, je les ferey chausser leurs esperons si à aste
qu'il ne sauront por ho les prendre, et leur seil (1)
y est si brief que ce sera bientost. Autre chouse
que [ce] ne vous escry pour le present ; mès que soyez toutjours
bons et loyals. Je pry à Dieu que vous yait en sa
guarde.
Escrit à Sully, le XVIe jour de mars.
« Je vous mandesse anquores augunes nouvelles de quoy
vous seriés bien joyeux; mais je doubte que les letres ne
fussent prises en chemin et que l'on ne vit les dittes nouvelles. — Signé : Jehanne. »
Sur l'adresse : « A mes très chiers et bons aimés, gens
d'Église, bourgois et autres habitans de la ville de Rains. »
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« Très chiers et bons amis, plese vous savoir que je ay
rechu vous letres, lesquelles font mantion comment on a
raporté au roy que dedens la bone cité de Rains il avoit
moult de mauvais. Si veulez savoir que c'est bien vray que
on luy a raporté, voirement qu'il y en avoit beaucoup qui
estoient d'une alliance, lesquelz estoient d'une aliance et qui devoient traïr la ville et mettre les Bourguignons dedens.
Et depuis, le roy a bien seu le contraire, par ce que
vous lui en avez envoyé la certaineté : dont il est très contens
de vous, et croiez que vous estes bien en sa grasce;
et si vous aviez à besoingnier, il vous secouroit, quant au
regard du siege ; et cognoie bien que vous avez moult à
soufrir pour la durté que vous font ces traitrez Bourguignons
adversaires ; si vous en delivrera au plesir Dieu bien
brief, c'est assavoir le plus tost que fere se pourra. Si vous
pris et requier, très chiers amis, que vous gardiez bien
laditte bonne cité pour le roy et que vous faciez très bon
guet. Vous orrez bien tost de mes bonnes nouvelles plus à plain. Austre chose quant a présent ne vous rescry, fors que
toute Bretaigne est française et doibt le duc envoyer au roi
III mille combattants paiez pour II mois. A Dieu vous commant
qui soit guarde de vous.
Escript à Sully, le XXVIIIe
de mars. »
(Procès, t. V, p. 160-162.)
Source
: Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879.
Notes :
1 essil : destruction
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