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Jeanne
d'Arc par Henri Wallon - 5° éd. 1879
Appendice II-25 : Monuments de la Pucelle |
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La croix érigée sur la place du Vieux-Marché à Rouen,
en exécution du jugement, fut remplacée au XVIe siècle par
une fontaine portant l'image de Jeanne. La fontaine et la
statue que l'on voit aujourd'hui au milieu de la place sont de 1756 (J. Quicherat, Procès, t. V, p. 235, et Bouquet,
Jeanne d'Arc au château de Rouen, p. 108 et suiv.).
Sur les monuments de la Pucelle à Orléans, voyez les
notes ajoutées aux pièces données par M. Quicherat, t. IV,
p. 248 (fragment de Pontus Heuterus); t. V, p. 222-224
(marchés pour la restauration du monument en 1570) ;
p. 367 et 238 (inscriptions de 1571 et de 1771); et les
Observations sur l'ancien monument de la Pucelle, par Vallet de Viriville, t. XXIV des Mémoires des Antiquaires de France. Les deux savants auteurs établissent que c'est sans aucun fondement qu'on a rapporté à Charles
VII et à l'époque de la réhabilitation le monument de bronze élevé sur le pont, et qui se composait du Christ en
croix, de la Vierge, et des deux figures de Charles VII et
de Jeanne d'Arc agenouillées aux deux côtés. L'exécution
d'un pareil monument n'eût pas été possible alors, et le costume
des personnages rappelle la fin du XVe siècle. Il fut élevé aux frais des Orléanais et par les contributions empressées
des dames et des jeunes filles de la ville, qui y
donnèrent leurs bijoux (voy. aussi Lottin, Recherches nouvelles,
t. I, p, 313).
Ce monument, mutilé par les protestants en 1567, restauré
en 1570, fut supprimé, avons-nous dit, en 1792. Dans
les pièces qui nous sont restées de cette mesure, les
membres de la section de Saint-Victor demandent aux administrateurs composant le Conseil permanent du Loiret la conversion des statues en canons, « seuls monuments qui doivent exister chez une nation libre pour faire trembler
les tyrans. » Le Conseil de la commune représente
que « le monument de la Pucelle, loin de pouvoir être
regardé comme un signe de féodalité insultant à la liberté
du peuple français, n'annonce, au contraire, qu'un acte de
reconnaissance envers l'Être suprême et un témoignage
glorieux de la valeur de nos ancêtres, qui ont délivré la
nation française du joug que les Anglais voulaient lui
imposer. » Mais l'Administration du département ne trouva
point qu'une jeune fille à genoux aux pieds d'un Christ pût en aucune façon rappeler « les services de l'héroïne. » En
conséquence, la conversion des figures en canons fut décidée.
Seulement on arrêta que, « pour conserver la mémoire du monument de la Pucelle, un des canons porterait le
nom de Jeanne d'Arc, surnommée la Pucelle d'Orléans, »
(T, V, p. 240-243.) On aurait pu faire de ce bronze un plus
mauvais emploi.
La restauration du monument eut lieu en 1804 avec l'approbation toute spéciale du premier consul (t, V, p. 243). — Ce monument, d'une médiocre exécution, élevé sur la
place du Martroi, a été remplacé en 1855 par une statue équestre due au talent de M. Foyatier.
Source
: Jeanne d'Arc - Henri Wallon - 5° éd. 1879.
Notes :
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