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Chronique
d'Eberhard Windecke
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Chap.CCLX - Ci envoia la Pucelle au roi une lettre où
il avait à voir comment il avait à se comporter
en tous ses faits |
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297
- S'ensuit la lettre que
la Pucelle envoya au roi. (1)
Jésus Maria (2)
"Roi
d'Angleterre, et vous duc de Bedford, qui vous dites régent
le royaume de France, vous Guillaume de la Pole, comte de Suffolk,
Jean, sire de Talbot, et vous Thomas, sire de Scales, vous disant
lieutenants du duc de Bedford, faites raison au Roi du Ciel et à
son sang royal, rendez à la Pucelle (3)
ci envoiée de par Dieu les clefs de toutes les villes que
vous avez prises et efforcées en France. Elle est venue de
par Dieu pour réclamer pour tout le sang royal. Elle est
prête
de faire paix, si paix vous voulez faire, par ainsi que France vous
mettiez jus et payez de ce que vous l'avez tenue (4).
Et vous, archers, compagnons de guerre gentils et vilains (5)
qui céans êtes devant la ville d'Orléans, allez-vous
en, en nom Dieu, en votre pays ; et si ne le faites, attendez les
nouvelles de la Pucelle, qui vous ira voir brièvement à
votre grand dommage. Roi d'Angleterre, si ne le faites, adonc je
suis chef de guerre (6) ; en quelques
lieux que je vous atteindrai et vos gens en France, je les ferai
issir, veuillent ou non veuillent (7)
; et s'ils ne veulent obéir, je les ferai tous occire ; et
s'ils veulent obéir, je les prendrai à merci. Je suis
venue de par Dieu, le Roi du Ciel, pour tous vous bouter hors de
France (8) et détruire (9)
de mon corps (10), avec tous ceux qui
voudraient porter offense d'armes, malengin et trahisons ou autre
dommage au roi de France (11). Et ne
soyez pas en l'opinion que vous saurez tenir le royaume de France
de Dieu, le Roi du Ciel, fils de Marie la Vierge sans tache (12),
car seul doit le tenir le roi Charles, héritier d'icelui
et de par Dieu le vrai (13) ; et veut
le même Dieu du Ciel qu'il le possède et tienne, tel
qu'il l'a reçu (14). Et [ce]
lui est révélé par la Pucelle (15),
laquelle Pucelle doit bientôt venir à Paris à
bonne compagnie (16). Et si ne voulez
croire les nouvelles de la Pucelle envoyée de par Dieu, en
quelque lieu que nous vous trouverons, nous vous ferrons à
horions et ferons un si grand hahay (17)
que jamais en France, passé mille ans, tel grand hahay ne
fut fait. Et si ne faites raison (18),
lors croyez fermement que le Roi du Ciel enverra plus de force à
la Pucelle que vous ne sauriez livrer en tout d'assauts avec tous
vos gens d'armes (19). Et adonc verrra
t-on, aux grands horions, lequel a meilleur droit, de Dieu du Ciel
ou de vous. Duc de Bedford, la Pucelle vous prie et requiert que
vous ne vous fassiez pas détruire. Si voulez faire raison,
encore pourriez vous bien venir en sa compagnie (20),
et lors les Français feront-ils un si beau fait qu'en la
Chrétienté tel n'est oncques advenu. Et faites réponse
à la Pucelle, si vous voulez faire paix (21),
et si ne le faites, lors vous souvienne du grand dommage qui vous
en doit venir.
Écrit le mardi de la Semaine Sainte, l'an de
la naissance Notre-Seigneur mil quatre cent vingt neuf."
298 - Toutes ces choses ainsi faites, la Pucelle
partit de Chinon d'auprès du roi et tira vers Orléans,
le 21° jour d'avril, et alla à Blois (1),
et attendit les vivres et puissance qu'elle devait menerà
Orléans, jusqu'au jeudi ensuivant 28° jour dudit mois.
Et La Pucelle partit avec son étendard, qui était
fait de blanc satin auquel était figuré Notre Seigneur
Dieu séant sur l'arc-en-ciel et montrant ses plaies, et [était]
de chaque côté un ange tenant un lis. Et ainsi partit
la Pucelle avec son étendard, et menait avec elle le maréchal
de Boussac, le sire de Gaucourt, le sire de Retz et plusieurs autres
seigneurs et capitaines, en nombre de toutes gens bien trois mille,
tant de cheval que de pied. Et menait aussi par la Sologne tous
ses vivres, soixante chariots et quatre cents têtes de bétail.
Et
arrivèrent (2) le jour suivant,
qui était le vendredi, dernier jour de vendredi du susdit
mois. Et ceux d'Orléans étaient sortis par la rivière
et mirent les vivres en navires et comme pour lors ils purent, de
façon que les Anglais qui apostés encontre étaient
plus nombreux qu'eux, ne saillirent point au devant.
Et quand la Pucelle vit qu'on la menait le long de la rivière
et qu'on ne la menait pas aux Anglais qui se tenaient devant la
ville, lors fut-elle grièvement affligée et courroucée
contre ceux qui l'avaient menée, et commença fort
à pleurer. Pourtant renvoya-t-elle sur l'heure en arrière
à Blois pour quérir les vivres et les ramener à
Orléans. Et elle entra dans ladite ville à petite
compagnie, et dit à ses compagnons d'armes [qui reparlaient
pour Blois], qu'ils n'eussent peur, car il ne leur devait advenir
aucun dommage - ainsi advint-il aussi - et que, quand ils arriveraient
avec les vivres, on viendrait au-devant d'eux par l'autre côté,
et qu'on irait hors d'Orléans à leur rescousse - ainsi
fit-on aussi. Et comme ils amenaient les vivres, s'assemblèrent
les Anglais à bien 1.400 hommes (3),
mais ils n'osèrent se montrer (4).
Et comme ils étaient arrivés avec le reste
des vivres, la Pucelle prit son étendard à la main
et assaillit la bastille occupée par les Anglais, que l'on
tenait pourtant pour imprenable, et la gagna vivement, et là
demeurèrent morts cent soixante-dix Anglais, et là
furent 1.300 pris, et là fut gagné nombre de pièces
d'artillerie et de vivres et d'autres provisions qu'ils avaient
en quantité par dedans. Et estime-t-on aussi que la Pucelle
ne perdit pas plus de deux hommes de ses gens (5).
Ensuite, le vendredi, prit la Pucelle son étendard
à la main et fit comme si elle voulait assaillir une bastille.
Et comme elle vit que les Anglais se tenaient en défense,
ils tournèrent arrière [elle et ses gens], et les
Anglais leur coururent sus et approchèrent vigoureusement
ses gens. Ce voyant, la Pucelle et La Hire, qui pourtant avaient
auprès d'eux peu de monde, retournèrent durement vers
les Anglais et les rechassèrent si fort, qu'à peine
les Anglais firent-ils rentrée. Là demeurèrent
d'Anglais bien trente morts, et fut là gagnée une
forte bastille près des Augustins et gagné dedans
nombre de vivres et autres. Et le même jour, comme les Anglais
virent que la Pucelle avait gagné trois bastilles, firent-ils
tous retraite dans la grande bastille au lieu devant le pont. Et
demeura la Pucelle, avec ses partisans la nuit aux champs du même
côté.
Le samedi suivant, huitième jour [de mai] (6),
au matin, se mit la Pucelle avec ses gens à assaillir la
bastille où les Anglais durant la nuit, avaient fait retraite.
La bastille était forte et imprenable, et étaient
dedans nombre d'Anglais, qui s'étaient bien mis en défense,
car ils pensaient bien conserver la bastille, surtout ayant nombre
de bonne artillerie dedans. Et ils se défendirent si fort
que la Pucelle dut les assaillir tout le jour avec ses gens jusqu'au
soir.
Et là fut la Pucelle blessée par le corps au-dessus
du sein droit. Et pourtant elle n'en tint guère compte, et
mit dessus un peu de coton et d'huile d'olive, et se réarma
et dit à ses gens. "Les Anglais sont à bout."
Car elle avait dit qu'elle serait blessée devant Orléans.
Et se tira à l'écart et se mit à genoux et
invoqua le Dieu du Ciel. Puis elle retourna à ses gens et
les exhorta à se porter avec elle hardiment à l'assaut,
et leur montra où ils devaient donner l'assaut. Et ses gens
lui étaient obéissants, tous de commun accord et de
bonne volonté, et ainsi gagnèrent-ils la bastille
sur l'heure. Dedans furent pris et tués bien cinq cent [Anglais]
; là demeura mort Classidas, un chef souverain. Et alors
rentra la Pucelle sur le tard, en joie de cœur, avec ses gens
à Orléans et rendit grâces à Dieu. Et
aux gens de la Pucelle ne demeura pas plus de morts que cinq hommes,
et moins de blessés. Et en est-il qui dirent que durant le
dit assaut on vit deux blancs oiseaux sur ses épaules. Et
les Anglais qui là furent pris ont dit pour vrai qu'il leur
semblait que les gens de la Pucelle étaient bien plus forts
et plus nombreux qu'eux, en raison de quoi ils n'avaient pu faire
aucune résistance contre eux, et les Anglais s'étaient
enfuis bien trente sur un pont derrière eux, pensant bien
être en sûreté. Et advint un signe de Dieu, car
le pont se rompit et ils churent tous en l'eau et furent noyés.
Le dimanche, le jour suivant, au point du jour, les
autres Anglais qui se tenaient de l'autre côté de la
ville firent retraite et abandonnèrent la bastille (7),
voyant qu'ils avaient été défaits si merveilleusement.
Desquels étaient bien trois mille vaillants hommes. Et voulurent
les gens de la Pucelle iceux poursuivre et les défaire, et
ce ne voulut point la Pucelle permettre ; parce que c'était
dimanche, et alors firent-ils aussi bonnement retraite. Et ainsi
fut Orléans délivré, l'armée détruite
et toutes les bastilles gagnées avec grand butin qu'on trouva
dedans. Et alors tirèrent les Anglais en Normandie et laissèrent
leurs gens en garnison à Meug et à Beaugency et à
Jargeau. Deo gratias !
299 - Ces choses ainsi faites, alla la Pucelle
avec ses gens à Tours en Touraine ; là devait en même
temps venir le roi ; et la Pucelle y fut avant le roi. Elle
prit son étendard à la main et chevaucha vers le roi.
Et quand ils vinrent à s'aborder, la Pucelle inclina la tête
vers le roi, si fort qu'elle put, et le roi la fit gracieusement
relever, et tient-on qu'il l'eût volontiers baisée
de la joie qu'il avait (8). Ce fut le
mercredi avant la Pentecôte (9).
Et elle demeura auprès de lui jusqu'après le 23°
jour du mois de mai. Et tint le roi conseil sur ce qu'il devait
faire, car la Pucelle voulait de suite le mener à Reims,
et le couronner et faire roi. Et se mit le roi sus, et est en chemin
et espère réduire Meung et Jargeau et, Beaugency.
Dieu veuille y pourvoir aussi. (10)
300 - Ces choses ainsi faites, envoya le duc
de Bretagne son confesseur à la Pucelle pour s'enquérir
si c'était de par Dieu qu'elle était venue porter
aide au roi. Et dit la Pucelle : "Oui." Et dit
le confesseur : "Puisque donc il en est ainsi, alors viendra
volontiers le duc, mon seigneur, pour faire service et aide au roi,"
- et nommait le duc son droit seigneur "mais de son propre
corps ne peut-il venir, car il est en grande infirmité, et
doit-il lui envoyer son fils ainé à grande puissance."
Et dit la pucelle au confesseur que le duc de Bretagne n'était
pas son droit seigneur, car c'était le roi qui était
son droit seigneur, et il n'aurait pas dû, selon raison, attendre
si longtemps pour envoyer ses gens et lui faire service et aide.
(11)
Source
: "Les sources allemandes de l'histoire
de Jeanne d'Arc - Eberhard Windecke" - Germain Lefèvre-Pontalis
- 1903. Traduction de l'Allemand par Germain
Lefèvre-Pontalis.
Notes :
§ 297 :
1 Le
document qui suit représente la célèbre lettre
de Jeanne d'Arc aux Anglais, en date du mardi saint 22 mars 1429.
Voir le commentaire spécial à
ce sujet.
2 La traduction de l'allemand représente presque exactement
le texte de la lettre de Jeanne d'Arc, tel qu'il a été
conservé dans les diverses sources.
3 "Rendez
à la Pucelle" - Ces mots représentent la première
des trois expressions contestées par Jeanne d'Arc devant
ses juges de Rouen. (Voir procès)
La suppression de ces mots équivaudrait, comme on s'en
rend aisément compte, à la suppression de tout le
texte de la lettre jusqu'à la phrase : "Et vous, archers...".
En effet, toute cette fraction du texte est gouvernée par
l'expression : "la Pucelle", expression qui amène
et cornmande les deux reprises de phrase suivante : "Elle
est venue..." "Elle est prete..." - En remplaçant
les mots : "rendez à la Pucelle..." par ceux-ci
: "rendez au roi...", tout le texte, jusqu'à
la phrase : "Et vous, archers..." ne conserverait aucun
sens et devrait être rayé.
Il serait difficile de supposer là une adjonction provenant
du scribe français de la Pucelle. Nest-il pas tout simple
de supposer que la protestation de Jeanne d'Arc doit s'entendre
en ce sens, qu'elle veut déclarer n'avoir jamais usurpé
aucun droit royal, tel que sommation, soumission de villes, ou
quelque autre prérogative semblable. Par là, elle
entendait nier, et avec raison, la signification que la perfidie
de l'interrogatoire voulait extorquer à cette phrase, aussi
simplement concue que rédigée.
4 Le texte français présente : "Elles est ci
venue", au futur et modifie la construction du membre de
phrase final, littéralement : "par ainsi que France
vous mectrés jus et paierez ce que l'avez tenu" -
Le texte le plus correct semble être celui de la Relation
du greffier de la Rochelle, littéralement : "par
ainsy que France vous meitiez jus et paiez de ce que vous l'avez
tenue". - La Geste des nobles Francais, avec ses dérivés
(Chronique de la Pucelle, Journal du siège d'Orléans),
supprime le mot "France", ce qui rend la phrase incompréhensible,
littéralement : par ainsi que vous mettez jus et paiez
de ce que l'avez tenu." - Le Regislre Delphinal de Mathieu
Thomassin porte, littéralement : "par ainsi que rendez
France et payez de ce que l'avez tenu" - La Chronigue de
Tournai offre, littéralement : "Vous déportans
de France et paiant le roi de ce que le (forme picarde et wallonne
pour la) avez tenue."
Il résulte de tout ceci que ce passage a paru obscur, même
aux conterrrporains. Quant aux interprétations modernes
émanées de divers historiens de la Pucelle, elles
sont multiples.
II faut d'abord remarquer que tout l'ensemble nécessaire
et concordant de la phrase impose le sens général
de conditions de paix, tout à l'honneur de la France, faites
par les Anglais aux Français.
L'expression principale : "que France vous mettiez jus",
peut présenter au premier abord une certaine difficulté.
L'adverbe "jus" (bas lat. jusum), aujourd'hui tombé
en désuétude, indique généralement
une acception dépressive : abaissement, chute, - en opposition
à "sus" (bas-lat. susum), toujours demeuré
vivant, qui comporte acception contraire. Cependant, le terme
"jus" paraît employé ici dans l'une de
ses nuances admissibles, où il pourrait signifier : laisser
là "Mettre jus - laisser de côté",
soit la signification de déposer, abandonner. C'est le
sens qui çe reflète tout naturellement dans la leçon
du Regislre Delphinal "par ainsi que rendez France",
et dans celle de la Chronique de Tournai : "vous deportans
de France".
L'expression complémentaire : "et payez de ce que
l'avez tenue", offre moins d'équivoque. II semble
qu'on comprenne assez aisément "et payez pour l'avoir
occupée". La Chronique de Tournai ajoute même
une glose visible : et paiant le roi de ce que le (le valeur
de la) avez tenue". La suppression de la préposition
"de" (suppression qui se rencontre uniquement dans le
texte de l'acte d'accusation "et paierez ce que l'avez tenue")
n'autoriserait pas à prendre "ce que vous l'avez tenu"
pour proposition complétive directe du verbe payer, et
à en déduire tel ou tel autre sens. Il n'y a évidemment
là, dans cette omission de la préposition "de",
qu'une erreur de transcription sans conséquence.
En traduction moderne, tout ce passage pourrait ainsi s'entendre
: "faisant tant que d'évacuer la France et
de payer le prix de votre usurpation".
5 Le texte de "la geste des nobles français"
et celui de la "relation du greffier de la Rochelle"
porte : gentils et vilains c.a.d nobles et non nobles. La chronique
de la Pucelle (éd. Vallet de Viriville) porte gentils et
vaillans, On ne voit pas pourquoi.
6 Seconde des trois expressions contestées par Jeanne d'Arc
devant les juges de Rouen. L'admission de cette suppression n'entrainerait
que la radiation du simple membre de phrase : "adonc je suis
chef de guerre", le reste de la construction pouvant s'en
passer.
Addition qui pourrait très simplement s'expliquer par une
adjonction provenant du scribe français de la Pucelle.
7 Tout ce passage, entre les mots "veuillent ou non veuillent",
qui précèdent, et "France", qui suit,
est, dans tous les textes français l'objet d'interversions
diverses.
8 Tous vous bouter hors de France". Variante de l'expression
des textes français connus tels que : "vous bouler
hors de torte France" , celle-ci entrée dans la légende
(Acte d'accusation, Relation du greffier de la Rochelle...) "vous
bouter hors de France" (Geste des nobles Français,
Registre Delphinal).
9 Ce redoublement d'expression "et détruire"
ne parait pas avoir laissé trace dans les textes connus.
10 "De mon corps » - mot à mot : avec mon corps.
Variante à la leçon des textes français connus
; "corps pour corps". (Néant dans la Chronique
(le Tournai.) - C'est la troisième et dernière des
expressions contestées par Jeanne d'Arc devant ses juges
de Rouen.
Admission de cette suppression n'entraînerait que la radiation
de l'expression accessoire "corps pour corps". Addition
qui pourrait parfaitement s'expliquer par une adjonction provenant
du scribe français de Jeanne.
11 Tout ce dernier corps de phrase "tous ceux qui voudraient
porter offense d'armes, malengin et trahisons ou autre dommage
au roi de France" ne se rencontre que dans "la chronique
de Tournai" et dans "la lettre du chevalier de Rhodes".
12 Les textes français portent simplement : "Fils
de Ste-Marie".
13 Car seul doit le tenir le roi Charles, héritier d'icelui
et de par Dieu le vrai.
14 Tout ce membre de phrase : "et veut le même Dieu
du Ciel qu'il le possède et tienne, tel qu'il l'a reçu"
ne figure dans aucun autre texte connu. Peut-être pourrait-on
en suivre la trace, singulièrement effacée, dans
les passages suivants : "car Dieu, le roi du Ciel, le vent"
- "c'est la volunté du roi du Ciel et de la Terre"
- "car Dieu, le roi du ciel, le veut ainsi" - Néant
dans la Geste des nobles Francais et ses dérivés
; néant dans le Registe Delphinal : néant dans la
Relation du greffier de la Rochelle. Le texte d'où est
dérivé le texte allemand offre une rédaction
singulièrement plus explicite. Il n'est pas besoin d'insister
sur son importance. Dès le début primordial de son
action, la Pucelle définit ainsi, avec la précision
la plus complète, les limites de son oeuvre, telle qu'elle
l'entend et la comprend. ll s'agit du "royaume
de France". Le "Dieu du Ciel" veut que Charles
VII le recouvre "tel qu'il a reçu". Comment démontrer
mieux, et avec plus d'éloquenté simplicité,
que la Pucelle comprenail, dans son œuvre personnelle l'expulsion
totale des Anglais de France ?
15 C'est la rédaction même de certaine textes français.
(Acte d'accusation, Lettre du chevalier de Rhodes) La chronique
de Tournai porte : "et ce lui est révélé
par moi, qui sui [la] Pucelle". Néant dans la Geste
des nobles Français et ses dérivés ; néant
dans le Registre Delphinal ; néant dans la Relation du
greffier de la Rochelle. J'ai cru pouvoir ajouter ici, entre crochets,
pour indiquer l'addition, le mot "ce", en me fondant
sur sa présence dans le texte (le la Chronique de Tournai,
lequel offre tant d'analogies continuelles avec le texte allemand
qui fait l'objet de cette étude.
16 Variante intéressante, c'est ici la Pucelle qui rentre
dans Paris en bonne compagnie et non pas le Roi comme dans les
autres variantes de cette lettre.
17 Hahay doit s'entendre semble-t-il dans le sens de "Haro"
clameur vengeresse. Il semble en rester de nos jours ce terme
"brouhaha".
18 "Et si ne faites raison" est rattaché à
tort par divers textes français, à la fin de la
phrase précédente. Le registre delphinal et la chronique
de Tournai suit la même coupure que dans ce texte allemand
de Windecke.
19 Variante des textes français aui tous mentionnent les
gens d'armes français et non ceux de l'ennemi (assauts
à elle et à ses gens d'armes").
20 Tous les textes connus de cette lettre présentent ici
de légères variantes dans cette phrase mais toutes
ont le même sens général :"Si vous voulez
vous ranger à l'équité, il vous sera loisible
de venit grossir sa compagnie, avec laquelle les Français
étonneront le monde".
Allusion probable à quelque croisade universelle.
21 Seule partie de la version de Windecke moins explicite que
les textes français qui mentionnent avec des termes différents
la ville d'Orléans. "Si voulez faire paix en la cité
d'Orléans" acte d'accusation de d'Estivet.
Style chronologique différent du style français
de Pâques, qui, en ce moment de l'année exigerait
: 1428.
1 Les dates sont en concordance avec la Chronique de Tournay.
2 Entendre ainsi la succession des évènements :
partie de la ville française de Blois, avec le convoi de
secours, le jeudi 28 avril, Jeanne d'Arc faisant route, le long
de la Loire par la rive de Sologne (rive gauche, rive du Sud),
est arrivée en face d'Orléans le vendredi 29 avril,
en amont du pont de Loire, en contournant les bastilles anglaises
(voir carte
des environs d'Orléans). Le soir du 29 avril, la Pucelle
entre dans la ville avec une partie des vivres du convoi par le
moyen de bateaux de riviere montés par les gens d'Orléans
sans que les Anglais des bastilles installées le long de
la Loire sur la rive de Sologne comme sur la rive opposée
cherchent à y mettre obstacle.
3 Chiffre en concordance avec la chronique de Tournai.
4 Récit de l'entrée dans Orléans de Jeanne
et d'une partie du convoi le vendredi 29 avril et mention de l'arrivée
du gros du convoi le mercredi 4 mai. La chronique de Tournai précise
les dates.
5 Récit de la bataille et de la prise de la bastille St-Loup,
évènement survenu le 4 mai dans l'après-midi.
6 Lisez septième jour.
7 Il faudrait dire les bastilles car ils abandonnèrent
toutes les bastilles à l'ouest et au Nord d'Orléans.
8 Cette expression se retrouve aussi dans la chronique de Tournai.
9 Mercredi 11 mai 1429. La chronique de Tournai dit le vendredi
13 mai.
10 Ici se termine les analogies avec la chronique de Tournai depuis
le début du §298.
11 Concernant l'envoi du confesseur par le Duc de Bretagne à
la Pucelle : "Envoi par Jean V, duc de Bretagne, à
Jeanne d'Arc, dans le cours de mai 1429, après la délivrance
d'Orléans, d'une mission composée de Frère
Yves Milbeau, son confesseur, et du héraut d'armes Hermine."
(document de la chambre des Comptes de Nantes, cité par
D.Lobineau, Histoire de Bretagne, t.I, p.580. Quicherat - Procès,
t.IV, p.485 et 498, note 1).
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