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Procès
de condamnation - procès d'office
Deuxième
interrogatoire public - 22 février 1431 |
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tem,
le jeudi 22 février, nous, évêque, allâmes
dans la chambre de parement,
au bout de la grande cour du château de Rouen, où étaient
assemblés révérends pères, seigneurs
et maîtres Gilles, abbé de la Sainte-Trinité
de Fécamp, Pierre, prieur de Longueville Jean de Chastillon,
Jean Beaupère, Jacques de Touraine, Nicolas Midi, Jean de
Nibat, Jacques Guesdon, Jean Le Fèvre, Maurice du Quesnay,
Guillaume Le Boucher,
Pierre Houdenc, Pierre Maurice, Richard Prati et Gérard Feuillet,
docteurs en théologie sacrée ; Nicolas de Jumièges,
Guillaume de Sainte-Catherine, Guillaume de Cormeilles, abbés;
Jean Garin et Raoul Roussel, chanoines, docteurs en l'un et l'autre
droit ; Guillaume Haiton, Nicolas Couppequesne, Jean Le Maistre,
Richard de Grouchet, Pierre Minier, Jean Pigache, Raoul Le Sauvage,
bacheliers en théologie sacrée ; Robert Le Barbier,
Denis Gastinel, Jean Le Doulx, bacheliers en l'un et l'autre droit
; Jean Basset, Jean de La Fontaine, Jean Bruillot, Aubert Morel,
Nicolas de Venderès, Jean Pinchon, Jean Colombel, Laurent
Du Busc, Raoul Anguy, bacheliers en droit canon; André Marguerie,
Jean Alespée, Geoffroy du Crotay et Gilles Deschamps, licenciés
en droit civil; l'abbé de Préaux, Frère Guillaume
l'Ermite, Guillaume Desjardins, docteur en médecine, Robert
Morellet et Jean Le Roy, chanoines de la cathédrale de Rouen.
En leur présence, nous avons d'abord exposé
que frère Jean Le Maistre, vicaire du seigneur inquisiteur,
présent à l'audience, avait été par
nous sommé et requis de s'adjoindre au présent procès,
et que nous lui avions offert de lui communiquer tout ce qui avait
été fait ou sera fait dans la suite en cette matière
; à quoi ledit vicaire avait répondu qu'il avait été
seulement commis et député par le seigneur inquisiteur
pour la cité et le diocèse de Rouen, tandis que le
procès était conduit par nous, en raison de notre
juridiction de Beauvais en territoire emprunté. C'est pourquoi,
afin de ne pas invalider le procès, et aussi pour rasséréner
sa conscience, il avait différé de s'adjoindre à
nous jusqu'à ce qu'il eût reçu plus ample avis,
et aussi qu'il eût du seigneur inquisiteur un pouvoir plus
étendu ou une commission. Au demeurant ledit vicaire, autant
que cela dépendait de lui, était content de voir que
nous procédions plus avant et sans interruption en la matière.
En entendant notre exposé, ledit vicaire nous a répondu
par ces mots : "Vous dites la vérité. J'ai
eu et j'ai pour agréable, autant que je puis et autant qu'il
est en mon pouvoir, que vous poursuiviez le procès."
*
* *
Ladite Jeanne étant ensuite introduite devant nous
audit lieu, nous l'avons requise et exhortée, sous les peines
de droit, de faire le serment qu'elle avait prêté le
jour précédent ; et aussi qu'elle jurât de dire
la vérité, absolument et simplement, sur tout ce qu'il
lui serait demandé dans la matière dont elle était
accusée et diffamée. A quoi elle répondit qu'hier
elle avait fait serment et qu'il devait suffire.
Deinceps, ipsam johannam, coram nobis in loco prædicto
comparentem, requisivimus et monuimus, sub poenis juris, de faciendo
juramentum quod die præcedente præstiterat, quodque
simpliciter et absolute juraret dicere veritatem, ad ea quæ
interrogatur in materia de qua delata erat et diffamata. Ad quod
respondit quod heri fecerat juramentum et sufficere debebat.
Ladicte offre ainsy jaicte, ladicte Jhenne, premierement
fut admonnestee et requise de faire le serment qu'elle avoit faict
le jour precedent de dire verité de tout ce qui luy seroit
demandé sur les crimes et malefices de quoy elle estoit accusee
et diffamee,
A quoy ladicte Jhenne respondit que desja elle avoit faict ledit
serment, et qu'il debvoit suffire.
Alors
nous l'avons requise de jurer; personne en effet, même un
prince, interrogé en matière de foi, ne peut refuser
de faire ce serment.
Elle répondit de nouveau :
- Je le fis hier votre serment ; et il doit bien vous suffire.
Vous me chargez trop !
Finalement elle jura de dire vérité sur
les points qui toucheraient la foi.
Iterum requisivimus quod juraret
nam quicumque, etiam princeps, requisitus in materia fidei non posset
recusare facere juramentum.
Responditque iterum :
- Ego feci heri vobis juramentum ; bene debet vobis sufficere.
Vos nimium oneratis me.
Finai. juramentum de dicendo veritatem, in his quit
tangerent.
Et derechef fut admonnestee qu'elle jurast absolutement de dire verité de tout ce qui luy seroit demandé ; en luy remonstrant qu'il n'y a prince qui peust ne deust refuser a faire ledit serment de dire verité en matiere de foy.
A quoy elle respondit :
- Je le feis hier. Vous me chargez trop.
Finablement elle fist le serment en la forme qu'elle l'avoit faict au jour de devant.
Ensuite l'insigne professeur en théologie sacrée, maître Jean Beaupère, sur notre ordre et commandement, interrogea ladite Jeanne comme suit.
Et d'abord il l'exhorta à dire la vérité, comme elle l'avait juré sur ce qu'on lui demanderait.
A quoi elle répondit :
- Vous me pourriez bien demander telle chose sur laquelle je vous répondrais vérité ; et sur une autre je ne vous répondrais pas.
Et elle ajoutait :
- Si vous étiez bien informés de moi, vous devriez vouloir que je sois hors de vos mains. Je n'ai rien fait que par révélation.
Postmodum, eximius sacræ theologiæ professor, magister Johannes Pulchripatris, de præcepto et ordinatione nostra, ipsam Johannam interrogavit super his quæ sequuntur.
Et primo exhortatus est eam ut ipsa diceret veritatem
de petendis, quemadmodum ipsa juraverat.
Quæ respondit :
- Vos bene posetis mihi talem rem petere, de qua ego responderem
vobis veritatem, et de alia non responderem.
Et subjungebat :
- Si vos essetis bene informati de me, vos deberetis velle quod
essem extra manus vestras. Ego nihil feci nisi per revelationem.
Apprez
lequel serment faict, ledit evesque commanda a maistre Jehan Beaupere
que il l'interrogast. En obaissant auquel commandement, ledit Beaupere
l'interrogua ainsy qu'il s'ensuit :
Premierement luy demanda si elle diroit verité.
A quoy elle respondit :
- Vous me pourrez bien demander telle chose de [quoy] je vous
respondray le vray, de l'autre : non.
Dist oultre :
- Se vous estes bien informez de moy, vous vouldriez que je fusse
hors de voz mains. Je n'ay riens faict fors par revelacion.
Interrogée quel âge elle avait quand elle
quitta la maison du père, dit que de son âge elle ne
saurait déposer.
Interrogata
consequenter de ætare in qua erat, dum rececit a domo patris
: dixit quod de ætate nescit deponere.
Interroguee de quelle aage elle estoit quand
elle partist de la maison de son pere, dist qu'elle ne sauroit deposer.
Interrogée si, dans sa jeunesse, elle avait appris
quelque métier, dit que oui, coudre des draps de toile et
filer : et elle ne craignait point femme de Rouen pour filer et
coudre.
Interrogata utrum in juventute didicerit aliquam artem :
dixit quod sic, ad suendum pannos lineos et nendum ; nec timebat
mulierem Rothomagensem de nendo et suendo.
Interroguee si elle avoit apprins
aulcun art ou mestier, dist que ouy ; et que sa mere luy avoit apprins
a coustre ; et qu'elle ne cuidoyt point qu'il y eust femme dedens
Rouen qui luy en sceust apprendre aulcune chose.
En outre elle avoua que, par crainte des Bourguignons,
elle quitta la maison de son père et alla à Neufchâteau,
en Lorraine (1), chez une certaine femme
nommée la Rousse, où elle demeura quinze jours environ.
Elle ajouta en outre que, tant qu'elle fut dans la maison de son
père, elle vaquait aux besognes familières de la maison (2) ; et qu'elle n'allait pas aux champs avec les brebis et les autres
bêtes.
Ulterius confessa fuit quod, propter timorem Burgundorum,
recessit a domo patris et ivit ad villam de Novocastro, in Lotharingia,
penes quamdam mulierem, cognominatam la Rousse, ubi stetit
quasi per quindecim dies ; addens ulterius quod, dum esset in domo
patris, vacabat circa negotia familiaria domus, nec ibat ad campos
cum ovibus et aliis animalibus.
Dit oultre qu'elle avoit laissé
la maison de son pere en partye pour doubte des Bourguignons ; et
qu'elle se estoit allee au Neufchastel, avecques une femme nommee
la Rousse ; ou elle demeura par quinze jours. En laquelle maison
elle faisoit les negoces de ladicte maison et ne alloit point aux
champs garder les brebis ne aultres bestes.
Item interrogée si elle confessait ses péchés,
une fois par an, répondit que oui, et à son propre
curé (3). Et quand le curé
était empêché, elle confessait à un autre
prêtre, sur le congé dudit curé. Quelquefois
aussi, deux ou trois fois peut être, elle s'est confessée
à des religieux Mendiants : mais c'était dans ladite
ville de Neufchâteau. Et elle recevait ledit sacrement d'Eucharistie
à la fête de Pâques.
Item, interrogata utrum quolibet anno confitebatur peccata
: respondet quod sic, et curato proprio ; et quando curatus erat
impeditus, confitebatur uni alteri sacerdoti, de licentia ipsius
curati. Aliquotiens etiam, bis aut ter, prout credit, confessa fuit
religiosis mendicantibus. Et hoc erat apud dictam villam de Novocastro.
Et recipiebat sacramentum Eucharistiæ in festo Paschæ.
Interroguee si elle se confessoit
tous les ans, dit que ouy a son propre curé. Et se il estoit
empesché, elle se confessoit a ung aultre prebstre, par le
congé dudit cure.
Et si dist qu'elle s'est confessee deux ou troys foys a des religieulx
mendiens. Et qu'elle recepvoit le corps de nostre Seigneur tous
les ans a Pasques.
Interrogée si, aux fêtes autres que la
Pâque, elle recevait ledit sacrement d'Eucharistie , elle
dit à l'interrogateur qu'il passât outre.
Interrogata
utrum, aliis festis quam in Pascha, recipiebat ipsum Eucharistiæ
sacramentum : dixit interroganti quod ipse transiret ultra.
Interroguee se elle recevoit point
le corps de nostre Seigneur a aultres festes que a Pasques, respondit
:
- Passez oultre.
Ensuite elle a déclaré que, sur l'âge
de treize ans, elle eut une voix de Dieu pour l'aider à se
gouverner. Et la première fois elle eut grand peur. Et vint
cette voix quasi à l'heure de midi
environ, en temps d'été dans le jardin de son père
: et ladite Jeanne n'avait pas jeûné la veille. Elle
entendit la voix, du côté droit, vers l'église
; et rarement elle l'ouït sans clarté. Cette clarté
est du même côté où la voix est ouïe
; et il y a là, communément, grande clarté.
Et quand elle vient en France souvent entendit cette voix.
Ulterius
confessa fuit quod, dum esset ætatis XIII annorum, ipsa habuit
vocem a Deo, pro se juvando ad gubernandum. Et, prima vice, habuit
magnum timorem. Et venit illa vox, quasi hora meridiana, tempore
æstivo, in horto patris sui ; et ipsa Johanna non jejunaverat (4) die præcedenti. Audivitque
vocem a dextro latere versus ecclesiam, et raro eam audit sine claritare.
Quæ quidem claritas est ab eodem latere in quo vox auditur,
sed ibi communiter et magna claritas. Et quando ipsa Johanna veniebat
in Franciam, sæpe audiebat illam vocem.
Et si dist que, dez l'aage de
traize ans, elle eust revelacion de nostre Seigneur par une voix
qui l'enseigna a soy gouverner. Et pour la premiere foys elle avoit
eu grand paour. Et dist que ladicte voix vint ainsy que a mydy,
en temps d'esté, elle estante au jardin de son pere, en ung
jour de jeune (4), et si dist que ladicte
voix vint au costé dextre, vers l'eglise. Et dist que ladicte
voix n'est gueres sans clarté, laquelle est tousiours du
costé de ladicte voix.
Interrogée comment elle pouvait voir cette clarté
qu'elle disait être là, puisque cette clarté
était sur le côté, elle ne répondit rien
et passa à autre chose. Dit en outre que si elle était
dans un bois, elle entendrait bien ses voix venir à elle.
Et elle dit qu'il lui semblait qu'elle était digne voix ;
et croit que cette voix lui était envoyée de la part
de Dieu ; et après qu'elle l'eut ouïe par trois fois,
elle connut que c'était la voix d'un ange. Dit aussi que
la voix la garda toujours bien et qu'elle comprit bien cette voix.
Interrogata
qualiter videbat claritatem quam ibi adesse dicebat, cum illa claritas
esset a latere : nihil ad hoc respondit ; sed transivit ad alia.
Dixit præterea quod, si ipsa esset in uno nemore, bene audiret
voces venientes ad eam. Dixit etiam quod sibi videbatur essa digna
vox, et credit quod eadem vox erat missa ex parte Dei ; et postquam
audivit ter illam,vocem, cognovit quod erat vox angeli. Dixit etiam
quod illa vox semper bene custodivit eam et quod ipsam vocem bene
intellexit.
Dit oultre que ladicte voix, apprez qu'elle l'eut ouye
par troys foys, elle congneust que c'estoit la voix ange.
Dit ainsy que celle voix l'a tousiours bien gardee (5).
Interrogée sur l'enseignement que lui donnait cette voix
pour le salut de son âme : elle a dit qu'elle lui enseigna à se bien conduire, à fréquenter
l'église ; et [la voix] a dit à Jeanne qu'il était nécessaire
qu'elle-même, Jeanne, vînt en France. Jeanne ajouta
que son interrogateur n'obtiendrait pas d'elle, pour cette fois,
sous quelle forme cette voix lui était apparue. Ensuite elle
confessa que cette voix lui disait deux ou trois fois par semaine qu'il fallait qu'elle-même, Jeanne, partît et vînt en
France; (elle confessa aussi) que son père n'a rien su de
son départ (6). Elle a dit aussi que la voix lui disait qu'elle
vienne en France ; et elle ne pouvait plus durer où elle était ;
et que cette voix lui disait qu'elle ferait lever le siège mis devant
Orléans. Elle a dit ensuite que la voix lui avait dit qu'elle-même Jeanne allât dans la ville forte de Vaucouleurs,
trouver Robert de Baudricourt, capitaine de ce lieu, et qu'il
lui donnerait des gens qui iraient avec elle ; Jeanne répondit
alors qu'elle était une pauvre fille qui ne savait monter à
cheval ni conduire la guerre. Elle a dit en outre qu'elle alla
trouver son oncle (7) et qu'elle lui dit qu'elle voulait demeurer chez lui pendant un peu de temps et elle y demeura quasiment
huit jours ; elle a dit alors à son oncle qu'il fallait
qu'elle aille à Vaucouleurs et son oncle l'y conduisit.
Interrogata
quale documentum sibi dicebat illa vox pro salute animæ suæ
: dixit quod docuit eam se bene regere, frequentare ecclesiam, et
eidem johannæ dixit necessarium esse quod ipsa Johanna veniret
in Franciam. Addiditque præfata Johanna quod interrogans non
haberet, pro illa vice, ab ipsa, in qua specie vox illa sibi apparuerat.
Ulterius confessa fuit quod illa vox sibi dicebat, bis aut ter in
hebdomade, quod oportebat ipsam Johannam recedere et venire in Franciam
; et quod pater suus nihil scivit de suo recessu. Dixit etiam quod
vox dicebat sibi quod veniret in Franciam , et non poterat plus
durare ubi erat ; quodque vox illa sibi quod levaret obsidionem,
coram civitate Aurelianensi positam. Dixit ulterius vocem præfatam
sibi dixisse quod ipsa Johanna iret ad Robertum de Baudricuria,
apud oppidum de Vallecoloris, capitaneum dicti loci, et ipse traderet
sibi gentes secum ituras ; et ipsa Johanna tunc respondit quod erat
una pauper filia quæ nesciret equitare nec ducere guerram.
Dixit ultra quod ivit ad avunculum suum, sibique dixit quod apud
eum volebat manere per aliquod modicum tempus ; et ibi mansit quasi
per octo dies ; dixitque tunc præfato avunculo suo quod oportebat
ipsam ire ad praædictum oppidum de Vallecoloris ; et ipse
avunculus ejus illo duxit eam.
Interroguee quel enseignement celle voix luy disoit pour le salut
de son ame, respondit qu'elle luy apprint a se bien gouverner. Et
luy disoit qu'elle debvoit frequenter l'eglise. Et apprez luy dist
qu'il estoit neccessaire qu'elle venist en France.
Et luy disoit deux ou troys foys la sepmaine qu'elle partist pour
venir en France. Et que son pere ne sceust riens de son partement.
Avecques ce luy dist qu'il faloit qu'elle se hatast de venir et
qu'elle leveroit le siege de devant Orleans ; et qu'elle allast
a Robert de Baudricourt, capitaine de Vacoulleur ; et que il luy
bailleroit des gens pour la conduire.
A
quoy elle respondit qu'elle estoit une paovre femme, qui ne sçauroit
chevaucher ne faire ne de mener la guerre.
Et apprez ses parolles, elle s'en alla en la maison d'ung sien oncle,
ou elle demeura huit jours. Et que apprez son oncle la mena audit
Robert de Baudricourt, lequel elle congneut bien, et si ne le avoit
jamais veu.
Item elle dit que, lorsqu'elle vint en ladite ville
de Vaucouleurs, elle reconnut bien Robert de Baudricourt, alors
que cependant, elle ne l'avait jamais vu auparavant. Et elle reconnut
ledit Robert par la voix, car la voix lui avait dit que c'était
lui. Et ladite Jeanne dit à Robert qu'il fallait qu'elle
vint en France. Ledit Robert l'éconduisit par deux fois et
la repoussa ; la troisième, il l'accueillit et lui donna
des gens. Et la voix lui avait dit que cela se passerait ainsi.
Item
dixit quod, quando ipsa venit ad sæpedictum oppidum de Vallecoloris,
ipsa cognovit Robertum de Baudricuria, cum tamen antea nunquam vidisset
eum ; et cognovit per illam vocem prædictum Robertum, nam
vox dixit sibi quod ipse erat ; dixitque ipsa Johanna eidem Roberto
quod oportebat eam venire in Franciam. Ipse autem Robertus bina
vice recusavit et repulit eam, et in tertia vice ipsam recepit,
et tradidit sibi homines ; et ita etiam dixerat sibi vox quod eveniret.
Et
dit qu'elle le congneust par la voix qui luy avoit dist que c'estoit
il.
Dit oultre que ledit de Baudricourt la refusa par deux foys. A la
tierce, la receut, et luy bailla gens pour la mener en France, ainsy
comme luy avoit dit la voix.
Item déclara que le duc de Lorraine manda qu'on
la conduisit vers lui : elle y alla et elle lui dit qu'elle voulait
aller en France. Et le duc l'interrogea sur la recouvrance de sa
santé : mais elle lui dit qu'elle n'en savait rien ; et elle
parla peu au dit duc de son voyage. Elle dit cependant au duc de
lui bailler son fils, et des gens pour la mener en France, et qu'elle
prierait Dieu pour sa santé. Et alla ladite Jeanne par sauf
conduit vers le duc, d'où elle revint à Vaucouleurs.
Item,
confessa fuit quod dux Lotharingiæ mandavit quo ipsa duceretur
ad eum : ad quem ipsa ivit ; sibique dixit quod ipsa volebat ire
in Franciam. Et interrogavit eam dux ipse de recuperatione suaæ
sanitatis ; sed ipsa dixit ei quod nihil inde sciebat ; et pauca
de suo voiagio eidem duci declaravit. Dixit tamen ipsi duci quod
ipse traderet ei filium suum et gentes, pro ducendo eam ad Franciam,
et ipsa deprecaretur Deum pro sua sanitate. Et iverat cadem Johanna
sub salvo conductu ad præfatum ducem ; a quo reversa est ad
oppidum de Vallecoloris antedictum.
/
(8)
Item
déclara que, au départ du dit Vaucouleurs, elle prit
habit d'homme, porta une épée que lui donna ledit
Robert de Baudricourt, sans autre armes, accompagnée d'un
chevalier, d'un écuyer, et de quatre serviteurs ; elle gagna
la ville de Saint-Urbain, et là coucha en l'abbaye.
Item,
confessa fuit quod, in recessu a præfato oppido de Vallecoloris,
ipsa existens in habitu virili, gestans unum ensem, quem sibi tradiderat
dictus Robertus de Baudricuria, absque aliis armis, associata uno
milite, uno scutifero et quatuor famulis, perrexit ad villam Sancti
Urbani, et ibi pernoctavit in abbatia.
Dist ainsy que, quand elle partist
de Vaucouleur, qu'elle print habit d'homme, et print une espee que
luy bailla ledit de Baudricourt, sans aultres armures. Et si dist
qu'elle estoit accompaignee d'ung chevalier et de quattre aultres
hommes ; et que ce jour s'en allerent coucher en la ville de Sainct
Urbain, ou elle couscha en l'abbaye.
Item dit qu'en ce voyage elle passa par Auxerre où
elle entendit la messe dans la grande église (9);
et alors, fréquemment, elle entendait ses voix, avec celle
dont il est fait mention plus haut.
Item,
dixit quod in illo itinere transivit per villam Autisiodorensem,
et ibit audivit missam in majori ecclesia ; et tunc frequenter habebat
voces suas, cum ea de qua superius fit mentio.
Dist aussi que au chemin, elle passa par Auxerre, ou
elle oyt la messe en la grand eglise ; et qu'elle avoit souvent
ses voix avec elle.
Item requise de dire par quel conseil elle avait pris
habit d'homme, à cela elle refusa plusieurs fois de répondre.
Finalement dit que de cela elle ne chargeait personne ; et plusieurs
fois elle varia.
Item,
requisita ut diceret cujus consilio ipsa cepit habitum virilem :
ad hoc respondere pluries recusavit. Finaliter, dixit quoc de hoc
non dabat onus cuiquam homini ; et pluries variavit.
Interroguee qui luy conseilla de prendre habit d'homme,
"A laquelle interrogacion j'ay trouvé en ung livre
que ses voix luy avoyent commandé qu'elle print habit d'homme,
et en l'autre (10), j'ay trouvé que,
combien qu'elle en fust plusieurs foys interroguee, toutesfoys elle
n'en feist point de responce fors : Je ne charge homme. Et ay trouué
eudit livre que plusieurs foys varia a ceste interrogacion."
Item dit que ledit Robert de Baudricourt fit jurer à
ceux qui la menaient de la mener bien et sûrement. Et Robert
dit à Jeanne sur son départ : "Va, va, et
advienne que pourra !"
Item,
dixit quod prædictus Robertus de Baudricuria fecit jurare
illos qui conducebant ipsam Johannam quod eam bene et secure conducerent.
Dixitque idem Robertus ipsi Johannæ : "Vade"
dum recederet ab eo, "vade, et quod inde poterit venire,
veniat".
Dit
oultre que ledit Robert de Baudricourt fist jurer ceulx qui la menoyent,
que, ilz la meneroyent bien et seurement.
Item, dit que ledit de Baudricourt se departit d'elle
il luy dist : "Va t en. Et en advieigne ce qu'il en pourra
advenir."
Item dit en outre ladite Jeanne qu'elle sait bien que
Dieu aime le duc d'Orléans ; et aussi qu'elle avait eu plus
de révélations sur lui que sur homme vivant, excepté
sur celui qu'elle dit être son roi. Dit encore qu'il lui fallait
nécessairement changer son habit en habit d'homme.
Item elle croit aussi que son conseil lui a bien parlé. (11)
Item,
dixit ipsa Johanna ulterius quod ipsa bene scit quod Deus diligit
ducem Aurelianensem ; ac etiam, quod plures revelationes de ipso
habuerat quam de homine vivente, excepto illo quem dicit regem suum.
Dixit præterea quod oportuerat eam mutare habitum suum in
habitum virilem. Item, etiam credit quod consilium bene sibi dixit.
Item, dit qu'elle sçait bien que Dieu ayme bien
le duc d'Orleans ; et qu'elle avoit eu plus de revelacions de luy
que d'homme de France, excepté de son roy.
Item,
dit qu'il falloit neccessairement qu'elle changeast son habit.
Item dit qu'elle envoya aux Anglais devant Orléans
lettres contenant qu'ils s'en allassent. Ainsi est contenu dans
la copie des lettres qui lui avaient été lues dans
cette ville de Rouen, sauf deux ou trois mots se trouvant dans ladite
copie : par exemple, là où il est dit dans cette copie "Rendez à la Pucelle", il doit y avoir "Rendez
au roi". Il y a aussi ces mots "corps pour corps"
et "chef de guerre" qui n'étaient pas aux
lettres originales.
Item
dixit quod ipsa misit litteras Anglicis existentibus coram Aurelianis,
continentes quod inde recederent, quemadmodum continetur in copia
litterarum, quæ sibi fuit lecta in hac villa Rothomagensi
; exceptis tamen duobus vel tribus vocabulis in eadem copia existentibus,
utputa hoc quod dicitur in copia illa "reddatis Puellæ" poni "reddatis regi". Ibi etiam ponuntur illa verba
: "corpus pro corpore", et "caput guerræ"
quæ non erant in litteris originalibus.
Interroguee
quelles lectres elle envoya aux Angloys et qu'elles contenoyent,
Dit qu'elle envoya des lectres aux Engloys, qui estoyent
devant Orleans ; par lesquelles elle leur escrivoit qu'il falloit
que ilz se partissent de la.
Et dist que en ces lectres, ainsy qu'elle oy dire, on
a changé deux ou troys motz ; c'est assavoir : "Rendez
a la Pucelle" ; et il y doibt avoir : "Rendez au
roy" ; ou il y a : "corps pour corps", et "chef
de guerre", cela n'estoit point esdictes lectres.
Ladite Jeanne dit ensuite qu'elle alla vers celui qu'elle
nomme son roi, sans empêchement. Et comme elle était
arrivée à Sainte-Catherine de Fierbois (12),
alors elle envoyat vers celui qu'elle nommait son roi (13) ; et alla ensuite à Chateau-Chinon, où était
son roi. Elle y arriva vers midi environ et se logea dans une hôtellerie
; et, après dîner, alla vers celui qu'elle dit son
roi, qui était au château. Item dit lorqu'elle entra
dans la chambre de son roi, elle le reconnut entre les autres par
le conseil et révélation de sa voix. Dit à
son roi qu'elle voulait aller faire la guerre contre les Anglais.
Dixit
ulterius ipsa Johanna quod ivit ad illum quem dicit regem suum,
sine impedimento ; et, cum applicuisset apud villam sanctæ
Katharinæ de Fierbois, tunc primo misit ad illum quem dicit
regem suum, deinceps ivit apud villam de Chasteau-Chinon, in qua
ille quem dicit regem suum erat. Applicuitque ibidem hora quasi
meridiana, et se hospitavit in quodam hospitio ; et, post prandium,
ivit illum quem dicit regem suum, qui erat in castro. Item, dicit
quod, quando intravit cameram sui regis prædicti, cognovit
eum inter alios, per consilium suæ vocis, hoc sibi revelantis.
Dixitque suo regi quod volebat ire factum guerram contra Anglicos.
Item,
dit que sans empeschement elle vint jusques a son roy.
Item, dit qu'elle trouva son roy a Chynon, ou elle arriva
environ mydy ; et se logea a une hostellerye. Et apprez disner elle
alla devers le roy qui estoit au chastel.
Item, dit qu'elle entra avant en la chambre ou estoit
le roy ; lequel elle congnut bien entre les aultres par le conseil
de la voix.
Item, dit qu'elle dist au roy qu'elle vouloit aller
faire la guerre contre les Angloys.
Interrogée si, quand la voix lui montra son roi,
il n'y avait point de lumière, répondit : "Passez
outre !". Interrogée si elle ne vit point certain
ange au dessus du dit roi, répondit :
- Epargnez moi : passez outre !
Interrogata
si, illa vice qua vox ostendit sibi suum regem præfatum, erat
aliqua lux in loco præfato, respondit : "Transeatis
ultra". Interrogata utrum videritne aliquem angelum supra
ipsum regem suum, respondit :
- Parcatis mihi, transeatis ultra.
Interroguee
si, quand la voix luy monstra le roy, se il y avoit point de lumiere,
Respond : Passez oultre.
Interrogué se elle vist point d'ange sur le roy,
Respond : Pardonnez moy. Passez oultre.
Dit
aussi que, avant que le roi la mît en oeuvre, il eut plusieurs
apparitions et belles révélations.
Dixit tamen quod, antequam rex suus poneret eam in opus,
ipse multas habuit apparitiones et revelationes pulchras.
Item
dit que devant que le roy la mist en oeuvre, il eust plusieurs apparicions
et de belles revelacions.
Interrogée quelles révélations
et apparitions eut le dit roi, répondit :
- Je ne vous le dirai point. Vous n'aurez pas encore réponse
mais envoyez vers le roi, et il vous le dira.
Interrogata quales revelationes et apparitiones idem rex suus habuit
respondit :
- Ego non dicam hoc vobis. Adhuc non est vobis responsum ; sed
mittatis ad ipsum regem, et dicet vobis.
Interroguee
quelles revelacions,
Respondit : Je ne les vous diray point encoires ;
mais allez au roy, et il les vous dira.
Item Jeanne dit que sa voix lui avait promis que, peu
après qu'elle serait venue vers le roi, il la recevrait.
Dit aussi que ceux de son parti connurent bien que la voix était
envoyée à Jeanne de par Dieu, et qu'ils virent et
connurent cette voix ; et ladite Jeanne affirmant qu'elle sait bien
cela. En outre dit que son roi et plusieurs autres entendirent et
virent les voix qui venaient à ladite Jeanne ; et il y avait
là Charles de Bourbon, et deux ou trois autres.
Item, dixit eadem Johanna quod
vox sibi promiserat quod, satiscito postquam venisset ad regem suum,
ipse reciperet eam. Dixit etiam quod illi de parte sua bene cognoverunt
quod vox eidem Johannæ transmissa erat ex parte Dei, et quod
viderunt et cognoverunt ipsam vocem, asserens ipsa Johanna quod
hoc bene scit. Ultra dixit quod sex suus et pluses alii audiverunt
et viderunt voces venientes ad ipsam Johannam ; et ibi aderat Karolus
de Borbonio et duo aut tres alii.
Item,
dit que la voix luy promist que, bien tost apprez (14) qu'elle viendroit,
le roy la recepveroit.
Item, dit que ceulx de son party congneurent bien que la
voix estoit de par Dieu ; et que ilz veirent et congneurent la voix
; et qu'elle le scait bien.
Item, dit que le roy et plusieurs aultres de son conseil
ouyrent et veirent les voix qui venoyent a elle ; et entre aultres,
Charles, duc de Bourbon.
Item Jeanne dit qu'il n'est pas de jour qu'elle n'entende
cette voix, et aussi qu'elle en a bien besoin. Elle dit aussi que
jamais elle ne requit à la voix d'autre récompense
finale que le salut de son âme. En outre ladite Jeanne déclara
que sa voix lui dit qu'elle demeurât devant Saint-Denis en
France ; et ladite Jeanne voulait y demeurer. Mais contre sa volonté
les seigneurs l'emmenèrent. Cependant, si elle n'avait pas
été blessée, elle n'en serait pas partie ;
et elle fut blessée dans les fossés de Paris, comme
elle arrivait là venant de la ville de Saint-Denis ; mais
en cinq jours elle fut guérie. En outre elle a déclaré
qu'elle fit faire une escarmouche devant la ville de Paris.
Item, dixit dicta Johanna quod
non est dies quin audiat illam vocem, et etiain bene indiget. Dixit
etiam quod nunquan, requisivit a voce præfata aliud præmium
finale, nisi salvationem animæ suaæ. Ulterius dicta
Johanna confessa fuit quod vox dixit ei quod maneret apud villam
sancti Dionysii in Francia ; ipsaque Johann ibi manere volebat ;
sed contra ipsius voluntatem domini educerunt cam. Si tamen non
fuisset læsa, non inde recessisset ; et læsa in fossatis
Parisiensibus, cum de dicta villa sancti Dionysii illuc perrexisset
; sed in quinque diebus sanata exstitit. Ulterius confessa fuit
quod fecit facere unam invasionem, gallice une escharmouche,
coram villa Parisiensi.
Item,
dit que jamais ne requist a la voix fors a la fin la salvacion de
son ame.
Item,
dit que la voix luy avoit dit qu'elle demourast a Sainct Denis en
France ; et euquel lieu elle voulut demeurer. Mais les seigneurs
ne luy voullurent point laisser, pour ce que elle estoit blecee
; et que aultrement, qu'elle n'en fust point partie. Et si dit que
elle fut blecee dedens les fossez de Paris; de laquelle bleceure,
elle fut guarye dedens cinq jours.
Item,
dit qu'elle fist faire une grosse escarmouche devant Paris.
Et comme on lui demanda si c'était jour de fête (15), répondit qu'elle croit
bien que c'était fête.
Interrogée si cela était bien fait, elle répondit
: "Passez outre".
Et cum interrogaretur si tunc
erat festum : respondit quod bene credit tunc fuisse festum.
Interrogata si hoc erat bene factum, respondit : "Transeatis
ultra".
Interroguee
s'il estoit feste le jour qu'elle fist faire ladicte escarmouche,
Respondit apprez plusieurs interrogatoires, qu'elle croyoit bien
qu'il fust feste.
Interroguee si c'estoit bien faict de faire ung assault
a jour de feste,
Respond : Passés oultre.
*
* *
Cela accompli, estimant que c'en était assez
pour un jour, nous, évêque susdit, avons remis la suite
de l'affaire au samedi suivant, huit heures du matin.
Sources
: "Condamnation
de Jeanne d'Arc" de Pierre Champion (1921), "La minute
française des interrogatoires de La Pucelle" - P.Doncoeur
(1952).
Quelques corrections du "Procès de condamnation de
Jeanne d'Arc" - Pierre Tisset (1970) - T. II p. 43 à
57.
Notes :
1 Neufchateau : ville
de transit de Lorraine sur la voie romaine, rattachée féodalement
et judiciairement à la Champagne. C'était de tout
temps le marché des habitants de Domrémy (S.Luce).
L'église du Couvent des Cordeliers où Jeanne se
confessa a disparu à la révolution. (P.Champion)
2 Thomas de Courcelles a déformé la réponse
dans sa traduction latine car c'est pendant son séjour
dans la maison de La Rousse qu'elle y faisait les travaux habituels
et "ne alloit
point aux champs garder les brebis ne aultres bestes". D'Estivet et le manuscrit d'Orléans vont dans ce sens.
3 Messire Guillaume Frontey de Neufchateau.
4 La minute est claire "en un jour de jeûne".
D'Estivet dit sous l'art.10 : "elle était à jeûn et n'avait pas jeuné le jour précédent". Jeanne avait donc bien jeuné ce jour-là.
Quicherat s'est trompé dans son édition en la faisant jeûné la veille : "...et ipsa Johanna jejunaverat die præcedenti...".
5 Le ms d'Orléans oublie 5 lignes. Dans le réquisitoire
d'Estivet (basé sur la minute française) :
"Et, quand elle venait en France, souvent
elle entendait cette voix ; et, pour la première fois,
il y eut clarté. Dit en outre que si elle était
dans un bois elle entendrait bien ces voix ; et dit qu'il lui
semblait qu'elle était digne voix et croit que cette voix
lui était envoyée de la part de Dieu. Et après
qu'elle l'eut ouïe par trois fois, elle connut que c'était
la voix d'un ange. Dit aussi que cette voix la garda toujours
bien, et qu'elle la comprit bien."
6 D'Estivet porte sous l'art. 10 : "quod pater suus de suo recessu nihil sciret;"
ce qu'il faut traduire, dans la mesure où les subjonctifs dans cette langue
ont une valeur : « que la Voix lui disait qu'il fallait qu'elle partît... et
que son père ne sût rien de son départ. » — La traduction de d'Estivet semble
bien mieux accordée avec le mouvement général de la phrase. (Tisset).
7 Durand-Laxart (ou Lassois), âgé de 34 ans, en réalité
son cousin mais sans doute appelé son oncle à cause
de la différence d'âge. Il déposera à
la réhabilitation.
Habitait Burey-le-Petit (aujourd'hui Burey-la-Côte) en 1428, où une maison porte encore 3 écus
au-dessus de la porte. Cette maison de tradition locale est celle
où Jeanne est venue chez son oncle.
8 Ce paragraphe n'est pas mentionné dans la minute française
du manuscrit d'Orléans mais devait s'y trouver à l'origine car il est repris dans le réquisitoire de d'Estivet (cf art.12 des 101 articles)
9 C'est à dire la cathédrale d'Auxerre dont le choeur
remonte au XIII° siècle.
10 Le rédacteur du manuscrit ici fait un commentaire (partie
en italiques). Il compare ce qu'il a lu dans la minute et dans
l'autre livre (procès de Thomas de Courcelles).
Encore
une fois de Courcelles a manipulé la réponse de
Jeanne dans son procès officiel en latin et c'est d'autant plus suspect que c'est sur ce port de l'habit d'homme que Jeanne sera déclarée relapse.
11 "Item elle croit aussi que son conseil
lui a bien parlé"
figure dans le réquisitoire de d'Estivet, donc encore un
oubli du ms d'Orléans.
12 Sanctuaire de Ste Catherine célèbre à
l'époque, restauré à la fin du XIV° siècle
par Jean Godefroy, paralytique et aveugle (H.Wallon - Jeanne d'Arc),
De nombreux miracles y furent attribués et les gens d'arme
prisonniers et rendus à la liberté y déposaient
leur harnois. (l'abbé Bourassé - les miracles de
Mme Ste Catherine de Fierbois en Lorraine).
13 Thomas de Courcelles a ajouté : "Et comme elle
était arrivée à Sainte-Catherine de Fierbois,
alors elle envoyat vers celui qu'elle nommait son roi".
14 Plusieurs témoins disent qu'elle
a attendu deux jours avant d'être reçue.
15 "8 septembre 1429", fête de la Nativité Notre
Dame.
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