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Sources
diverses
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Battiste
Fulgose (1) |
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temps que les plus belles provinces du royaume gémissoient
sous le joug tyrannique des Anglois, parut Jeanne, fille de Jacques
d'Arc, native du village de Domremy, sur les frontieres de Lorraine.
On la regardoit comme une espece de prophétesse, à
cause des visions extraordinaires qu'elle disoit avoir eues, même
avant l'âge de quinze ans. Le duc Charles de Lorraine l'envoya
vers Robert de Baudricourt, gouverneur de Vaucouleurs, et ce dernier
la fit présenter au roi Charles VII, à qui elle promit
toute victoire sur ses ennemis. Cependant on eut la précaution
de ne la pas croire, sans l'éprouver sur certains faits secrets
dont elle fit connoître la vérité. Dès
qu'on crût s'en devoir servir, on la mit à la tête
de l'armée de France ; alors, étant à cheval
avec l'armure et l'appareil militaire, on l'auroit prise pour un
général, soit par le ton de voix avec lequel elle
commandoit, soit par les ordres qu'elle donnoit toujours à
propos. Son courage extraordinaire obligea les Anglois à
lever le siège d'Orléans ; et quoiqu'elle fût
blessée au cou, elle ne s'étonna ni du bruit des armes,
ni de voir tomber morts à ses pieds la plupart des combattans,
pas même du sang qui couloit de sa plaie. Elle agissoit avec
tant de valeur et d'activité, qu'elle remplissoit en même
temps les fonctions de général et de soldat. Enfin,
après cette première expédition, elle conduit
l'armée de France à Troyes, qu'elle assiège
contre l'avis des généraux et des ministres, et qu'elle
prend contre leur espérance ; d'où elle se rend à
Rheims, et y fait sacrer et couronner Charles VII, suivant l'ancien
usage des François. Elle vient ensuite à Paris, soumis
alors aux Anglois, l'attaque et monte sur le rempart, sans qu'une
plaie considérable qu'elle reçoit à la cuisse
l'empêche de continuer. Son courage inspiroit une si grande
terreur aux Anglois, qu'ils craignoient de se présenter devant
cette fille, comme avant sa venue les François n'osoient
tenir devant eux.
(2)
Source
: "Collections complète des Mémoires relatifs
à l'histoire de France" - tome VIII - M.Petitot -
1825.
Notes :
1 Battiste Fulgose (Fregose) doge de Gênes,
note rédigée en 1478.
2 Traduction de Lenglet-Dufresnoy.
Note de Quicherat, t.IV, p.520 à propos de Fulgose :
- Baptiste Fulgose, nommé d'ordinaire parmi les écrivains qui font autorité
sur Jeanne d'Arc, se placerait, par sa date, après Guerneri Berni ; mais
je n'ai pas cru devoir rapporter son témoignage, parce qu'il a tout simplement
copié Gaguin, lequel Gaguin a lui-même été exclu du présent recueil
comme n'offrant absolument rien d'original. L'attention qu'on a donnée à
Fulgose, tient sans doute au poste éminent qu'il occupa pendant quelques
années de sa vie. Cet auteur fut en effet doge de la république de Gênes.
Déposé en 1483, il se réfugia en Provence et y écrivit, pour l'instruction de
son fils, un recueil imité de Valère Maxime. Après sa mort, cet ouvrage qui était en italien, fut mis en latin par un certain Ghilini, et imprimé à Milan
en 1509, sous le titre de De dictis factisque mirabilibus collectanea. L'usage
que Fulgose a fait de Gaguin, recule au delà de 1491 la composition de son
recueil. C'est au IIIe livre, titre De fortitudine, qu'il parle de la Pucelle, rendant
très-bien son nom de famille sans l'estropier, Joanna Jacobo Arco patre
orta (patre Jacobo Darco, matre Ysabella, genita, dans Gaguin)
NDLR : Ayroles n'a pas reporté Fulgose dans "La vraie Jeanne d'Arc".
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