ierre Empis est un moine du couvent des chanoines réguliers de
Bethléhem, près de Louvain. Il naquit à Tirlemont, entra fort jeune son couvent, y fit profession en 1467, en devint le prieur en 1494, et y
mourut en 1523. Il a écrit une Chronique qui commence au règne de
Charles VI et finit à la captivité de Maximilien à Bruges en 1485. Elle est
regardée comme une des meilleures de l'époque. Le tableau des
malheurs du temps, des moeurs, des événements, y est exposé avec
chaleur et vérité. Dès le XVIIIe siècle, il avait été question de l'imprimer.
C'est ce qu'a fait M. le baron Kervyn de Lettenhove sous les auspices
de la Société d'Histoire de Belgique.
Son chapitre sur la Pucelle est très concis, mais plein et favorable à la
Pucelle. En voici la traduction :
Il y avait auprès de Vaucouleurs une jeune fille de vingt ans qui par la
perpétuelle intégrité de son corps mérita le nom de la Pucelle. Émue de
pitié à la vue des calamités de son temps, elle va trouver Robert gouverneur
de sa ville, affirmant que si elle était conduite auprès du roi Charles,
elle ne serait pas d'un médiocre secours dans l'extrémité à laquelle on était réduit. Robert n'eut d'abord pour elle que du mépris. Sa persévérance
obtint qu'il la fit conduire au roi. Examinée sur l'ordre du prince
par de sages personnages, elle affirme sans se démentir qu'elle est envoyée
pour rétablir le roi Charles dans son royaume. Il existe dans le pays de
Tours une église dédiée à sainte Catherine, objet d'une grande vénération,
et pour cela enrichie de dons précieux que l'on y conserve. De ce nombre était une épée antique à double tranchant, sur laquelle des lis étaient
sculptés. Jeanne demanda que cette épée antique lui fût donnée. On la
trouva, on en fit disparaître la rouille, et on la lui donna. La Pucelle était parmi les combattants, revêtue d'une armure complète, montée sur
un fort et généreux coursier, qu'elle maniait adroitement comme l'aurait
fait un chevalier.
L'an 1429, elle vient avec une armée à Orléans assiégé par les Anglais
et en proie à la famine. Elle passe le fleuve, et introduit des vivres à
travers les positions ennemies. La ville ravitaillée, elle s'empare des forts
des Anglais et les contraint de lever le siège.
Au mois de juin 1429, elle presse le roi Charles de prendre la route
de Reims pour y recevoir l'onction royale. Roi des Français, il en deviendra
plus vénérable à son peuple, plus terrible à l'armée anglaise. Charles,
qui ne voyait que sainteté dans la vie si pure de la Pucelle, ni rien de
féminin dans ses paroles et ses oeuvres, prend le chemin de Reims avec
ses capitaines et son armée. Jeanne la Pucelle le fait reconnaître pour
leur roi par les habitants de Troyes et de Reims. La Pucelle, tenant son étendard en main, tout armée, dans la joie, assiste au couronnement
du roi, auquel ses seules exhortations avaient fait obtenir le sacre.
A la suite, bien des villes et des forteresses sont forcées, ou font spontanément
leur soumission. Les Anglais et les Bourguignons assiégeant
Compiègne, Jeanne se jette dans la place pour secourir les assiégés.
Peu de temps après, dans une sortie qu'elle fait contre les ennemis,
tandis qu'à la suite d'un insuccès elle regagne la ville, la presse des
soldais lui en ferme l'entrée. Elle est prise et vendue aux Anglais, qui
l'interrogent en ennemis. Ils la déclarent magicienne et versée dans la
magie. Elle périt à Rouen consumée par le feu.
Source
: Traduction : "La vraie Jeanne d'Arc - t.III : La libératrice" - J.-B.-J. Ayroles - 1897, p.480 à 482.
Notes :
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