Chroniqueur alençonnais anonyme
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et auteur, aussi bien que Perceval de Cagny, fut attaché à 1a personne du duc Jean II ; mais il n'écrivit qu'en 1473. Son ouvrage,
très-succinct, n'a jamais été imprimé. De Thou en avait un
manuscrit, qu'il communiqua à Bry de La Clergerie, lequel s'en
servit beaucoup pour son Histoire du duché d'Alençon. L'extrait
qu'on en donne ici a été pris dans l'exemplaire de la Bibliothèque royale, qui est une transcription faite au XVIe siècle (n° 9574-3,
Fonds français). Le seul intérêt que présente ce témoignage est
d'apprendre que la Pucelle avait fait au duc d'Alençon des prédictions
qui se réalisèrent plus tard.
Est vray que ledict roy Charles septiesme estant ainsy
spolié de sondict royaume et ses subjectz en très grande
perplexité et tribulation merveilleuse, le bon Dieu,
qui ses serviteurs secoure au besoing, voulant donner
remède et fin à l'affliction des bons et loyaulx François,
et l'orgueil desdictz Anglois réprimer et annichiler,
suscita l'esperit d'une jeune pucelle aagée de dix-huict
a vingt ans, natifvede la ville de Dompremy, duché de
Bar, a trois petites lieues de Vaucouleurs, qui tout son
temps n'avoit fait autre mestier que garder les bestes ès
champs. La quelle vint devers le roy Charles, roy de
France, et luy dist qu'elle estoit envoyée à luy de par
Dieu, luy aider à conquérir son royaume possédé par
lesdictz Anglois, et que s'il luy vouloit bailler charge
d'hommes d'armes, elle le meneroit sacrer à Reins: dont ledit roy et les personnes scientifiques et d'entendement
estans autour de sa personne furent de prime face esmerveillez ; et néantmoins après qu'elle eust esté à diverses foys interrogée par plusieurs notables et sages personnes, on adjousta foy en ses parolles, et fut trouvé
qu'elle estoit divinement envoyée. Par ainsy fut joincte
avec l'armée du roy dont ledict duc d'Alençon avoit la
charge comme lieutenant général; lequel duc fut par elle desnommé et appelé le beau duc, et luy dist et déclara
plusieurs choses qui luy sont advenues du depuys.
* un extrait supplémentaire donné par Ayroles :
Il est vrai que le roi Charles, VIIe de ce nom, étant spolié de son
royaume, et ses sujets réduits à très grande perplexité et merveilleuse
tribulation, le bon Dieu, qui secourt ses serviteurs dans leurs besoins, voulant
donner remède et mettre fin à l'affliction des bons et loyaux Français,
réprouver et annihiler l'orgueil des Anglais, suscita l'esprit d'une jeune
Pucelle, âgée de dix-huit à vingt ans, native de Domrémy, duché
de Bar, à trois petites lieues de Vaucouleurs. Dans tout son temps, elle
n'avait fait autre métier que de garder les brebis des champs ; elle vint
vers Charles, roi de France, et lui dit qu'elle lui était envoyée de par Dieu
pour l'aider à conquérir son royaume possédé par les Anglais, et que
s'il voulait lui bailler charge d'hommes d'armes, elle le mènerait sacrer à Reims ; ce dont le roi et les personnes scientifiques et d'entendement
de son entourage furent de prime face fort moult émerveillées ; néanmoins
après qu'elle eût été interrogée par plusieurs notables et sages personnages,
on ajouta foi à ses paroles, et il fut conclu qu'elle était divinement
envoyée. Par ainsi, elle s'adjoignit à l'armée dont le duc d'Alençon avait la
charge comme lieutenant-général. Ce duc fut dénommé et appelé par elle
le Beau Duc, et elle lui dit et déclara plusieurs choses, qui du depuis lui
sont advenues.
Source
:
- Présentation et texte original : Quicherat, t.IV p.38 et suiv.
-
Mise en Français plus moderne : "La vraie Jeanne d'Arc - t.III : La libératrice" - J.-B.-J. Ayroles - 1897, p.312 et suiv.
Notes :
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