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Sources
diverses
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La
note du notaire Guillaume Girault |
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e mercredi, veille d'Ascension, IV° jour de may, l'an mil quatre
cens vint neuf, par les gens du roy nostre sire, et les habitans
de la ville d'Orléans, présent et aidant Jehanne la
Pucelle trouvée par ses euvres estre vierge et ad ce envoiée
de Dieu, et aussi, comme par miracle, fut prins par force d'armes
la forteresse des Angloys à Sainct Loup lez Orléans,
que avoient faicte et tenoient les Anglois, ennemys du roy nostre
dit seigneur. Et y furent prins et mors plus de six vingtz Anglois.
(1)
Et le samedi ensuivant, après l'Ascension de
Nostre Seigneur, VII° jour dudict mois de may, et aussi par
grace de Nostre Seigneur, et aussi comme par miracle le plus évident
qui ad ce a esté apparu puis la Passion, à l'aide
desdictes gens du roy et de ladicte ville d'Orléans, fut
levé le siège que lesdiz Anglois avoient mis ès
Thorelles du bout du pont d'Orléans, ou costé de la
Sauloigne, qui furent prinses par effort et assault le XII°
jour du mois d'octobre précédent, et derrenier passé.
Et furent mors et prins
environ IIIIc (2) Anglois qui gardoient
lesdictes Thorelles ad ce présent ladicte Pucelle qui conduit
la besoigne, armée de toutes pièces.
Et les dimanche et lundy ensuivant, lesditz Anglois
s'en allèrent de Sainct Poire (3)
où ilz avoient faict une forte bastille qu'ilz appeloient
Paris, et d'une autre bastille enprès qu'ilz appeloient la
Tour de Londres ; du Pressoir Ars qu'ilz nommoient Rouen, où
ilz avoient fait forte bastille ; de Sainct Lorens où ilz
avoient fait faire plusieurs forteresses et bastilles ; et toutes
icelles forteresses et bastilles closes à deux parts de fossés
et d'une... à l'entour.
Signé
: Guillaume GIRAULT.
Le mercredy veille de l'Ascension, IIIIe jour de mai, l'an mil
CCCCXXIX, par les gens du roi notre Sire, et [par] la ville d'Orléans, présente et aidant (ou ordonnant) Jehanne la Pucelle, trouvée par ses
oeuvres être vierge et à ce envoyée de Dieu, Notre-Seigneur, et aussy
comme par miracle, fut prinse par force d'armes la forteresse des Anglais
très puissants à Saint-Loup-lez-Orléans, qu'y avoient faite et tenoient les
Anglais ennemis du roi nostre dit Sire, et y furent prins et morts
plus de 120 Anglais.
Le samedy après l'Ascension [de] Notre-Seigneur ensuivant, VIIe jour
dudit mois de mai, par la grâce [de] Notre-Seigneur, et aussy par
[un] miracle le plus évident qui eut été apparent (vu) depuis la mort [de]
Notre-Seigneur, à l'aide desdites gens du roy et de ladite ville d'Orléans,
fut levé le siège que lesdits Anglois avaient mis ès Thorelles du bout du
pont d'Orléans, au côté de la Souloigne; qui furent (lesquelles Tourelles
avaient été) prises par très fort assaut le mardi douzième jour du
mois d'octobre précédent et dernier passé; et y furent morts ou pris
environ 400 Anglais, qui gardaient lesdites Thorelles. A ce fut
présente ladite Pucelle qui [a] conduit la besogne, armée de toutes
pièces.
Et le dimanche et lundy ensuivant, lesdits Anglois s'en allèrent de
Saint-Pouair (aujourd'hui Saint-Paterne), où ils avoient une forte bastille,
qu'ils appeloient Paris, d'une autre bastille emprez (rapprochée)
qu'ils appeloient la tour de Londres, du Pressoir-Ars qu'ils nommoient
Rouen, où ils avoient fait forte bastille, de Saint-Laurent où ils avoient
fait plusieurs forteresses et bastilles ; et toutes ces forteresses et bastilles
closes à II parts (des deux côtés) de fossés, et [cela], d'une forteresse à
l'autre (4).
Source
: "Le journal du Siège d'Orléans" - Charpentier
et Cuissard - 1896 (Extrait des minutes de Me Fauchon, notaire
à Orléans en 1896)
Voir l'article en ligne de Boucher de Molandon sur ce sujet.
Illustration :
- extrait du registre du notaire Guillaume Girault. Le texte concernant
Jeanne d'Arc est en note de marge sur la gauche du document. (Daniel
Jacomet "Jehanne d'Arc - Quarante-cinq Documents Originaux
et Iconographiques". Paris: Librairie Floury, 1933)
Notes :
1 120 anglais.
2 400 anglais
3 Bastille de St Pouair ou Paris.
4 Les merveilles accomplies par la Pucelle,étaient telles qu'on en trouve la mention plus ou moins détaillée dans les écrits les plus étrangers à la grande histoire. Voici celle que
Guillaume Girault, alors notaire à Orléans, insérait entre deux minutes,
l'une du 28 avril, l'autre du 9 mai. On peut la voir encore aujourd'hui
dans le registre de 1429, conservé dans l'étude d'un des notaires
d'Orléans.
L'abbé Dubois l'inséra dans ses doctes recherches ; elle a été depuis
l'objet d'une étude particulière de la part de M. de Molandon qui lui a
consacré un article, au tome IV, page 382, des Mémoires de la Société
archéologique de l'Orléanais.
Girault, écrivant le 9 mai, ne savait peut-être pas encore que tous les
Anglais étaient partis la veille. Il confirme, ce qui est dit par d'autres
documents, que les Anglais avaient fait des tranchées de contrevallation
et de circonvallation, pour se défendre contre les attaques qui pouvaient
venir du côté de la ville et de la campagne ; et qu'ils se ménageaient
ainsi facilité pour aller d'une bastille à l'autre sans être vus. On remarquera
combien, aux yeux de ce témoin, la délivrance a été miraculeuse.
La nouvelle de la délivrance d'Orléans se répandit avec une incroyable
rapidité, puisqu'on trouvera à la Chronique de Morosini une lettre
l'annonçant de Bruges à Venise à la date du 10 mai.
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