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Sources
diverses
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Saint-Antonin |
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aint Antonin était dans la plénitude de l'âge, lorsque la Vénérable
parut sur la scène; il devait lui survivre de longues années encore,
puisque, né en 1389, le saint dominicain ne mourut qu'en 1439, archevêque
de Florence, sa ville natale. Les occupations du saint ministère,
le gouvernement et la réforme de nombreux couvents de son ordre
dans l'Italie centrale, le gouvernement d'un diocèse tel que celui de
Florence, tant de saintes oeuvres qui s'y rattachaient, n'ont pas suffi à contenter le zèle du grand saint. Il a laissé de nombreux ouvrages
théologiques, parmi lesquels une Somme de théologie morale estimée ;
bien plus, une Chronique en vingt-quatre livres qui part de l'origine du
monde pour finir en 1459. Cette Chronique a eu de nombreuses éditions,
parmi lesquelles celle du père Pierre Maturus, S. J., (trois beaux volumes
in-4° Lyon, 1387), enrichis de nombreuses additions.
C'est qu'en effet, malgré son amour du travail, le saint a dû nécessairement laisser bien des lacunes dans une oeuvre qui, si elle n'est pas
une compilation, réclamerait de nombreuses vies d'homme. Saint-Antonin, au moins dans la dernière partie de son ouvrage, s'étend surtout
sur l'Italie, dont il était mieux à portée de connaître les événements.
C'est en quelques lignes qu'il rapporte les conquêtes des Anglais en
France et leur expulsion à la suite du recouvrement de Bordeaux. Après
cette briève mention, il parle en ces termes de la Pucelle :
« Dans cette guerre se présenta au roi de France une Pucelle, fille de paysans, bergère de son état, qui se disait envoyée pour relever l'armée
du roi, et qui n'avait que douze ans ou environ. Elle fut d'un grand
secours tant dans les batailles que dans la prise des villes. Elle maniait
le cheval comme un bon chevalier, et se trouvait dans les rangs de
l'armée avec ceux qui la composaient. Elle découvrait les embûches des
ennemis, enseignait la manière de forcer les cités, et faisait bien d'autres
choses merveilleuses. On avait peine à savoir l'esprit qui la dirigeait.
On croyait cependant plus généralement que c'était l'esprit de Dieu.
Ses œuvres en furent la preuve manifeste. On ne remarquait en elle rien
qui ne fût honnête, pas l'ombre de superstition, elle ne s'écartait en
rien de la vérité de la foi; elle recourait fréquemment aux sacrements de
confession et d'eucharistie, aimait les exercices de piété. Après de nombreuses
victoires du roi de France, dans un combat des soldats du roi
de France avec les Bourguignons, elle fut prise par ces derniers, et
par eux fut mise à mort. »
Au point de vue des faits, ces lignes du saint Archevêque ont peu
d'importance ; il n'en est pas de même de ce qui regarde la mission.
Loin du théâtre des événements, et plus encore absorbé dans l'accomplissement
des devoirs de sa vocation de frère prêcheur, le saint religieux
ne devait pas pouvoir suivre de près les événements qui se
passaient en France. Il n'en connaît que le gros, ce que la renommée
en portait dans l'Italie centrale. La surprise fut grande, et en face d'un
fait jusqu'alors inouï, on voit que d'abord les hommes graves et
sensés se demandaient quel était l'esprit qui conduisait l'enfant. On
inclinait à croire que c'était l'esprit de Dieu... Nous
avons ici l'appréciation du saint qui est un des grands théologiens de
l'Église; l'expression indique que ce sentiment était le sentiment général,
et que la mission divine était regardée comme patente.
Source
: texte, présentation et conclusion du père Ayroles, "La vraie Jeanne d'Arc" - t.IV, p.243-44.
Notes :
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