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Procès
de condamnation - actes postérieurs
Témoignages
- 7 juin 1431 |
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tem, le jeudi 7 juin, ledit an 1431, nous juges susdits, de notre
notre propre mouvement fîmes des informations touchant certaines
paroles, dites par la feue Jeanne en présence de personnes
dignes de foi, tandis qu'elle était encore en sa prison,
avant d'être menée au jugement.
Et premièrement vénérable et circonspecte
personne maitre Nicolas de Venderès, licencié
en droit canon, archidiacre d'Eu et chanoine de l'Église
de Rouen, âgé de 52 ans ou environ, témoin produit,
juré, reçu et examiné cedit jour, dit par son
serment que, le mercredi, dernier jour de mai, la veille de la Fête
de l'Eucharistie de Notre Seigneur Jésus-Christ dernièrement
passée (1), ladite Jeanne, étant
encore dans les prisons où elle était détenue
au château de Rouen, a déclaré qu'attendu que
les voix venant à elle lui avaient promis qu'elle serait
délivrée des prisons et qu'elle voyait le contraire,
elle entendait et savait qu'elle était et fut par elles déçue.
Item cette Jeanne disait et confessait qu'elle avait
vu et ouï, de ses propres yeux et oreilles, les voix et apparitions,
dont il a été question au procès. Et à
ce procès furent présents, savoir nous, lesdits juges
: maître Pierre Maurice, Thomas de Courcelles, Nicolas Loiseleur,
frère Martin Lavenu, et maître Jacques Le Camus, avec
plusieurs autres.
Frère Martin Lavenu, prêtre, de
l'ordre des frères Prêcheurs, âgé d'environ
33 ans, témoin produit, reçu, juré et examiné,
a dit et a déposé que cette Jeanne, le jour où
l'on porta contre elle sentence, le matin, avant d'être conduite
au jugement, en présence de maîtres Pierre Maurice,
Nicolas Loiseleur et du dit Toutmouillé, dominicain, comme
lui, qui parle, a dit et confessa qu'elle
savait et reconnaissait que, par les voix et apparitions qui lui
vinrent, et dont il a été question en son procès,
elle a été déçue : car lesdites voix
lui promirent à elle, Jeanne, qu'elle serait délivrée
et expédiée de prison ; et bien apercevait le contraire.
Interrogée qui la poussait à ce dire,
il dit que, lui qui parle, maîtres Pierre Maurice et Nicolas
Loiseleur, l'exhortèrent pour le salut de son âme ;
et ils lui demandaient s'il était vrai qu'elle eût
ses voix et ses apparitions. Et elle répondit que oui. Et
en ce propos continua jusqu'à la fin. Toutefois elle ne déterminait
proprement (du moins à ce qu'entendit celui qui parle) en
quelle apparence elles venaient, si ce n'est, du mieux qu'il se
le rappelle, qu'elles venaient en grande multitude et en dimension
minime. Et en outre il ouït alors dire et confesser par cette
Jeanne que, du moment que les gens d'Église tenaient et croyaient
que, si quelques esprits venaient à elle, ils venaient et
procédaient de malins esprits, elle aussi tenait et croyait
ce qu'en cette matière lesdites gens d'Église tenaient
et croyaient, et qu'elle ne voulait plus ajouter foi auxdits esprits.
Et, à ce qu'il semble à celui qui parle, cette Jeanne
était alors saine d'esprit.
Item, lui qui parle, dit que, ce jour-là, il
a ouï dire et confesser par cette Jeanne que, bien que dans
ses confessions et réponses elle se soit vantée de
ce qu'un ange de Dieu avait apporté la couronne à
celui qu'elle nomme son roi, et de bien d'autres choses plus longuement
rapportées dans son procès ; cependant, de son gré,
sans contrainte, elle a dit et confessé que, dans tout ce
qu'elle a dit et dont elle s'est vantée au sujet dudit ange,
il n'y eut aucun ange qui apporta ladite couronne ; qu'elle-même,
Jeanne, fut l'ange qui, à celui qu'elle nommait son roi,
avait dit et promis qu'elle le ferait couronner à Reims,
si on la mettait en œuvre ; qu'il n'y avait pas eu une autre
couronne envoyée de par Dieu, en dépit de ce qu'elle
avait dit et affirmé au cours de son procès au sujet
de la couronne et du signe donné à celui qu'elle nommait
son roi.
Vénérable et discrète personne,
maître Pierre Maurice, professeur en théologie
sacrée, chanoine de Rouen, âgé de 38 ans environ,
témoin produit, reçu, juré et examiné
ce dit jour, dit et dépose que, le jour où fut portée
la sentence contre cette Jeanne, tandis qu'elle était encore
aux prisons, lui qui parle se rendit au matin vers elle en vue de
l'exhorter pour le salut de son âme : et il l'ouït, tandis
qu'il l'exhortait et lui demandait ce qui en était dudit
ange qu'elle avait dit avoir apporté la couronne à
celui qu'elle nommait son roi, et dont il a été fait
mention au procès, répondre qu'elle-même était
cet ange.
Interrogée sur la couronne qu'elle lui promettait, sur la multitude des anges
qui l'accompagnèrent, etc..., répondit affirmativement,
et qu'ils lui apparaissaient sous les apparences de certaines choses
de minimes dimensions (1bis).
Interrogée enfin par celui qui parle si cette
apparition était réelle, répondit que oui ;
et réellement "soit bons, soit mauvais esprits, ils
me sont apparus". Disait aussi ladite Jeanne qu'elle entendait
les voix surtout à l'heure de complies (2),
quand les cloches sonnent (3),
et encore au matin quand on sonne les cloches. Et celui qui parle
lui disait qu'il y avait bonne apparence que c'étaient de
malins esprits qui lui avaient promis son expédition, et
qu'elle avait trompée ; sur quoi cette jeanne dit et répondit
que c'était vrai, et qu'elle avait été déçue.
Et il ouït aussi d'elle qu'elle s'en rapportait aux gens d'Église,
si c'étaient de bons ou de mauvais esprits. Et, à
ce qu'il lui semble, tandis qu'elle disait cela, cette Jeanne était
saine d'esprit et d'intellect.
Frère Jean Toutmouillé, prêtre, de l'ordre des frères
Prêcheurs, âgé de 34 ans ou environ, témoin
produit, juré, examiné ce dit jour, dit et dépose
sous son serment que, le jour où fut portée la sentence
contre cette Jeanne, savoir le mercredi veille de la fête
de l'Eucharistie du Christ, lui qui parle, accompagnant frère
Martin Lavenu, du même ordre, qui s'était rendu au
matin vers cette Jeanne en vue de l'exhorter pour le salut de son
âme, ouït dire à Pierre Maurice, qui l'avait précédé là, qu'elle avait dit et confessé
que touchant la couronne il n'y avait que fiction, qu'elle-même
était l'ange. Et ledit maître Pierre le rapportait
en latin.
Et fut ensuite interrogée sur les voix qui lui
vinrent et sur ses apparitions. Elle répondit que réellement
elle entendait des voix, surtout quand on sonnait les cloches, à
l'heure de complies et de mâtines ; cependant maître
Pierre lui avait alors dit que parfois des hommes entendant sonner
les cloches, croient entendre paroles.
Item, ladite Jeanne disait et confessait aussi avoir
eu des apparitions qui venaient à elle, parfois en grande
multitude, parfois en quantité petite, ou bien sous l'aspect
de choses minimes : elle n'en déclara pas autrement la forme
et figure.
Item [le témoin] dit que, ce même jour, après qu'ils furent
venus dans la chambre où était détenue ladite Jeanne, nous, évêque susdit, en présence de monseigneur le vicaire de monseigneur
l'inquisiteur, avons dit à la même Jeanne en français
: "Or ça, Jeanne, vous nous avez toujours dit que vos
voix vous disaient que vous seriez délivrée, et vous
voyez maintenant comment elles vous ont décue : dites-nous
maintenant la vérité". A quoi Jeanne répondit
alors : "Vraiment, je vois bien qu'elles m'ont déçue
!" Il ne lui a rien entendu dire de plus, si ce n'est qu'au
commencement, avant que nous, juges susdits, arrivâmes à
la prison, cette Jeanne fut interrogée si elle croyait que
ses dites voix et apparitions procédassent de bons ou de
mauvais esprits répondit : "Je ne sais ; je m'en attends
à ma mère l'Église" ou ceci "Ou à
vous qui êtes gens d'Église". Et, à ce
qu'il lui semble, à lui qui parle, ladite Jeanne était saine
d'esprit et cela aussi, qu'elle était saine d'esprit,
il l'a entendu confessé par Jeanne (4).
Item Jacques Le Camus, prêtre, chanoine
de Reims, âgé de 53 ans ou environ, témoin produit,
juré examiné cedit jour, dit et dépose sous
son serment que, le mercredi, veille de la fête de l'Eucharistie
de Notre Seigneur dernièrement passée, lui qui parle
alla avec nous, évêque susdit, à heure matinale,
en la chambre où Jeanne était détenue, au château
de Rouen. Et là entendit que cette femme disait et confessait
à haute voix et publiquement, de telle sorte que tous les
assistants purent l'ouïr, assavoir qu'elle, Jeanne, avait vu
les apparitions venir à elle et qu'elle avait aussi ouï
leurs voix, et qu'elles lui avaient promis qu'elle serait délivrée
de prison; et que, puisqu'elle reconaissait bien qu'elles l'avaient
déçue, elle croyait qu'elles n'étaient pas
de bonnes voix et choses bonnes. Et peu après, elle confessa
ses péchés à frère Martin (5),
de l'ordre des Prêcheurs. Et après sa confession et
contrition, alors que ledit frère allait lui administrer
le sacrement d'Eucharistie, tenant l'hostie consacrée entre
ses mains, il lui demanda : "Croyez-vous que ce soit le corps
de Notre Seigneur ?" Répondit ladite Jeanne que oui,
et "le seul qui me puisse me délivrer ; je demande qu'il
me soit administré". Et ensuite ce Frère disait
à cette Jeanne : "Croyez-vous encore à ces voix
?" Répondit ladite Jeanne : "Je crois en Dieu seul,
et ne veux plus ajouter foi à ces voix, puisqu'elles m'ont
déçue !"
Maître Thomas de Courcelles, maître
ès-arts et bachelier formé en théologie âgé
d'environ trente ans, témoin produit, reçu, juré
et examiné ce jour-là, dit et dépose par son
serment que, le mercredi, veille de la fête de l'Eucharistie
de Notre Seigneur, lui qui parle se trouvant en la présence
de nous, évêque, dans la chambre où cette Jeanne
était détenue au château de Rouen, le témoin
ouït et comprit que nous évêque, demandâmes
à Jeanne si ses voix lui avaient dit qu'elle serait délivrée.
Et elle répondit que ses voix lui avaient dit qu'elle serait
délivrée, et qu'elle fît bonne chère.
Et ajouta ladite Jeanne à ce qu'il semble au déposant,
sentencieusement : "Je vois bien que j'ai été
déçue." Et alors nous, évêque susdit,
ainsi que dépose celui qui parle, nous dîmes à
Jeanne qu'elle pouvait bien voir que ces voix-là n'étaient
pas de bons esprits, et qu'elles ne venaient pas de Dieu ; car s'il
en était ainsi, jamais elles n'auraient dit fausseté
ou auraient menti.
Maître Nicolas Loiseleur, maître ès-arts, chanoine
des églises de Rouen et de Chartres, âgé de
40 ans ou environ, témoin produit, reçu, juré
et examiné ce jour-là, dit et dépose par son
serment que le mercredi, veille de la fête de l'Eucharistie
de Notre Seigneur dernièrement passée, lui qui parle,
vint ce matin-là avec vénérable personne, maître
Pierre Maurice,
professeur en théologie sacrée, dans la prison où
Jeanne, vulgairement dite la Pucelle, était détenue,
afin, de l'exhorter et admonester sur son salut. Requise de dire
la vérité au sujet de l'ange qu'elle dit dans son
procès avoir porté une couronne bien précieuse
et d'or très fin à celui qu'elle nomme son roi, et
qu'elle ne cachât plus longuement la vérité,
attendu qu'elle n'avait plus qu'à penser au salut de son
âme, le témoin ouït dire à cette Jeanne
que ce fut elle, Jeanne qui avait annoncé la couronne dont
il a été question au procès à celui
qu'elle nomme son roi, qu'elle-même fut l'ange et qu'il n'y
avait pas eu d'autre ange.
Et alors elle fut interrogée si, en fait, une
couronne fut baillée à celui qu'elle nomme son roi.
Répondit qu'il n'y eut rien d'autre que la promesse du couronnement
de celui qu'elle nomme son roi, qu'elle la fit à lui-même,
c'est assavoir lui assurant qu'il serait couronné.
Dit en outre, lui qui parle, que plusieurs fois, tant
en présence dudit maître Pierre et de deux frères
prêcheurs, qu'en présence de nous, évêque
susdit, et aussi de plusieurs autres, il entendit dire à
Jeanne qu'elle avait eu réellement révélations
et apparitions d'esprits ; et qu'elle fut déçue dans
ces révélations ; et que cela, bien le connaissait
et voyait, puisque la délivrance des prisons lui avait été
promise par ces révélations, et qu'elle s'apercevait
du contraire ; et si ces esprits étaient bons ou mauvais,
elle s'en rapportait sur cela aux clercs ; mais à ces esprits
elle n'ajoutait plus foi, ni n'en ajouterait plus.
Item, dit le déposant qu'il l'exhorta, pour enlever
l'erreur qu'elle avait semée parmi le peuple, à avouer
publiquement qu'elle avait été trompée elle-même
et qu'elle avait trompé le peuple, en ayant ajouté
foi à de telles révélations, en ayant exhorté
le peuple à y croire, et qu'elle demandât humblement
pardon de cela. Et Jeanne répondit que volontiers le ferait,
mais qu'elle n'espérait pas alors s'en souvenir quand besoin
serait de le faire, assavoir quand elle serait en public en jugement
; et elle requit son confesseur afin qu'il lui remit cela en mémoire,
et autres choses concernant son salut. Et de ceci, et de maints
autres indices, il semble à celui qui parle que cette Jeanne
était saine d'esprit, montrant alors grands signes de contrition
et de pénitence pour les crimes par elle perpétrés
; et il l'ouït, tant en sa présence qu'en présence
de plusieurs, en jugement public, avec la grande contrition de cœur
demander pardon aux Anglais et B0urguignons, car elle avouait qu'elle
les avait fait occire et mis en fuite, et leur avait causé
beaucoup de dommages (6).
Sources : "Condamnation de Jeanne d'Arc" de Pierre Champion
(1921), "Procès de Jeanne d'Arc" - E.O'Reilly
(1868), "La minute française des interrogatoires de
La Pucelle" - P.Doncoeur (1952)
Notes :
1 Le 30 mai
1bis NDLR: Il faut bien remarquer deux choses sur ce témoignage :
- C'est Pierre Maurice qui a interrogé Jeanne et elle n'a donc parlé des anges, de leur forme etc. qu'à lui-seul. Les autres témoins ne font que répéter ce qu'ils ont entendu indirectement de cette conversation. C'est donc au témoignage de Pierre Maurice qu'il faut se référer en priorité.
- La question sur les anges et la couronne qu'a posée Pierre Maurice n'interroge pas Jeanne sur ses visions en général mais se réfère explicitement à la vision de l'apparition des anges au chateau de Chinon qui escortaient Saint-Michel en grand nombre etc. (séance du 13 mars).
Sans avoir eu la vision de Jeanne, on comprendra aisément que des milliers d'anges de taille normale n'entreraient pas dans une pièce du château et que cette vision particulière ne peut se concevoir sans une certaine "adaptation" optique (dont les exemples ne manquent pas dans la Bible). Quicherat qui traduit* et interprète mal la question de P. Maurice dans ses aperçus nouveaux chap.VI, fera des visions de Jeanne des "atomes tourbillonnants devant les yeux oscurcis par le vertige"! et Anatole France, qui n'a pas compris grand'chose, des "étincelles éblouissantes" mettant du même coup en doute la santé mentale de Jeanne!
Je vous conseille de lire à ce sujet le remarquable livre d'Olivier Leroy: "Sainte Jeanne d'Arc, les Voix".
* par exemple "aliquando" pour lui veut dire "le plus souvent" au lieu de "parfois".
2 Complies : la dernière partie de l'office divin, après
vêpres, avant d'aller prendre le repos de la nuit.
3 De toute antiquité, la cloche n'a pas seulement été
considérée comme un signal convoquant les gens à
l'église ; mais elle chante vraiment
les louanges de Dieu, porte au loin la gloire de son nom et chasse,
de ce fait les esprits malins qui peuplent l'air. On fait remonter
au VIII° siècle le rite de la bénédiction
des cloches ; et le choix des psaumes, qui se récitent
à cette occasion, montre que la cloche est considérée
comme parole de Dieu.
Il faut avoir parcouru la vallée de la Meuse, aux environs
de Domrémy, quand les cloches se répondent de village
en village, entendu leur son porté si doucement et si loin,
pour comprendre tout cela (P.Champion)
4 Dans notre langage moderne, nous pourrions dire qu'il en fait
beaucoup ! (ndlr)
5 Frère Martin Lavenu.
6 NDLR : Quelle magnifique conclusion pour le "beau" procès
de Cauchon que cette demande de pardon aux Anglais et Bourguignons
!
Les
témoignages versés au dossier par l'évêque
Cauchon dans ces actes postérieurs sont juridiquement sans
valeur car, n'étant pas présents lors des témoignages, les trois notaires de la cause ont refusé de les signer comme ils le diront au
procès de réhabilitation (1). Néanmoins, il serait imprudent de les rejeter en bloc pour cette seule raison.
A noter que plusieurs des "témoins" ci-dessus parleront au procès de réhabilitation de ce matin du 30 mai.
Aucun ne répètera les propos de leur témoignage du 7 juin 1431 et ils diront tout autre chose (ex : Toutmouillé en 1450). Ont-ils préféré aller "dans le sens" de la réhabilitation en cours. Ou les témoignages du 7 juin 1431 étaient totalement ou partiellement faux ? On ne le saura sans doute jamais.
Il est difficile de comprendre
comment Jeanne d'Arc, villageoise de 19 ans, illettrée ne sachant "ni A ni B", étrangère à toutes ces procédures inquisitoriales, seule sans défenseur face à des juges qui sont "juge et partie", soumise aux tortures morales et physiques depuis le 23 mai 1430, a pu se défendre si intelligemment ! Malgré des déformations de ses propos, des omissions volontaires des juges ou des traducteurs, certaines tricheries (parfois autorisées par les procédures de l'inquisition), des juges payés et intimidés par les Anglais etc. pourtant, ce procès est un monument élevé à sa mémoire et devient le procès de ses juges !
Pour se convaincre de cette force morale surnaturelle de Jeanne, il suffira de lire la déposition au procès de réhabilitation de Thomas de Courcelles (traducteur du procès avec Guillaume Manchon, et qui en a profité pour minimiser, dans la version latine officielle, son importante participation au procès), brillant théologien et latiniste, rompu aux subtilités du droit canonique qui, face à son interrogateur, se montrera emprunté, menteur, confus et amnésique à souhait. Il était pourtant dans des conditions infiniment plus confortables que celles de Jeanne pour répondre à son interrogateur !
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